2 Déc 2016 | Actualités

C.Gourcuff chroniqueur pour l'UNECATEF

La place de « l’intelligence » dans la formation
Le débat sur l’état du football français amène forcément des interrogations sur la formation et sur ce que doit être un joueur de foot. Dans la société de plus en plus individualiste, on a oublié que le football est avant tout un jeu collectif, dont certaines valeurs fondamentales ont été oubliées au détriment des qualités physiques. Le jeu collectif impose d’abord le développement de l’intelligence ou plutôt des intelligences : intelligence de jeu, intelligence de comportement : – L’intelligence de jeu pour coordonner son action avec celle de ses partenaires, interpréter une situation de jeu, c’est-à-dire la capacité d’anticiper et de concevoir une action collective avec ses partenaires.

Cette intelligence de jeu ne peut émerger que s’il existe déjà une prise de conscience de l’autre, d’un rapport « social » dans un groupe, notions qui tendent à disparaitre chez les jeunes ; combien de joueurs ne commencent à jouer que lorsque le ballon leur est parvenu ! L’anticipation dépend non seulement de la compréhension de la situation de jeu mais aussi de la spontanéité de la réponse qui relève souvent du relationnel : un redoublement de passes à une touche de balle symbolise cette fluidité technique et témoigne, bien souvent, d’une «fluidité » relationnelle.

La formation doit avoir pour but de développer une sensibilité et doit donc s’inscrire dans une philosophie de jeu cohérente, stable et clairement affirmée ; la réussite de la formation du Barca, après celle de l’Ajax ou de Nantes, il y a quelques années, le démontre. Le développement de l’intelligence permet aussi de progresser au travers des remarques de ses éducateurs et d’avoir une capacité d’analyse de feedback qui permet l’évolution.

L’enjeu pédagogique n’est pas de dire mais de faire comprendre !
Je pense aussi que les acquisitions techniques vont au-delà des habiletés psychomotrices mais aussi d’une capacité d’adaptation à tous les paramètres du jeu : ses propres capacités comme de l’environnement de jeu.
Ces considérations débouchent sur la notion d’éducation au sens large, qui bat de l’aile dans la société actuelle ; toute action collective nécessite des valeurs morales comme l’humilité , la solidarité , la générosité , le respect de l’autre.
La formation doit aussi s’appuyer sur ces valeurs regroupées autour de l’amour du jeu et du partage du plaisir de jouer.

On parle beaucoup de mental mais c’est surtout de mentalité que le footballeur a besoin !
Cette déficience dans la formation n’est pas spécifique au foot : c’est le problème général de l’éducation que tous les enseignants rencontrent dans une société où l’individualisme et le superficiel sont valorisés à outrance.
Mais les amoureux du foot ne doivent pas accompagner cette dérive, mais justement plus que jamais, compenser ces manques dans l’éducation actuelle des jeunes. Et le foot est, lui-même un formidable moyen d’éducation !

SOURCE : UNECATEF.FR

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