2 Déc 2016 | Actualités

C. Gourcuff : « Un club qui n’avance pas recule »

Christian, mi-octobre, vous étiez relégable, avec six petits points au compteur. Comment expliquez-vous cette difficile entame de championnat ?
Il ne faut pas oublier que nous avons eu des absences. Un moment, on en parlait beaucoup mais, après, on n’en parlait plus parce que c’était tellement récurrent que l’on avait fini par s’y habituer. C’est quand même mieux quand un groupe est au complet. Cela a une autre consistance. Par ailleurs, il y a eu une forme d’endormissement, générée par nos résultats antérieurs. Après, nous avons été incapables de faire les efforts. Il a fallu se réadapter à ses efforts, qui étaient nécessaires. Mais, le problème, c’est que nous avions perdu confiance et elle joue un rôle essentiel dans le sport.

Vous parlez d’endormissement, mais peut-on aller plus loin dans la critique, en disant que vos joueurs ont fait preuve de suffisance ?
Oui, si l’on veut, mais elle s’est surtout manifestée lors de la préparation estivale. Je préfère parler d’endormissement plutôt que de suffisance. Dans toute compétition, il y a toujours du danger quand on est dans une phase de réussite, parce que l’on fait moins d’efforts. Généralement, cela se paie tout de suite.

« Il y a eu une période où notre niveau de performance était très insuffisant »

A un moment donné, vous êtes-vous senti inquiet ?
Oui. Bien sûr. Il y a eu une période où notre niveau de performance était très insuffisant. Après, nous nous sommes retrouvés en difficulté sur le plan comptable et on devait faire face à un effectif très diminué. Si on avait continué sur cette lancée, en ce qui concerne les absences, il y avait de quoi s’inquiéter. De plus, il était important que les joueurs cadres retrouvent leur niveau. Dans la mesure où il n’y avait pas de mauvaise volonté de leur part, c’était juste un mauvais moment à passer. Il fallait qu’ils retrouvent la confiance et l’envie. Contrairement à ce que le public croit trop souvent, il ne suffit pas de monter sur la table et de gueuler pour que les choses aillent mieux.

A la trêve, vous êtes neuvième, avez 26 points au compteur, et 11 points d’avance sur le premier relégable. Une situation confortable. Si vous continuez sur cette lancée, le FCL ne devra-t-il pas viser un peu mieux que le maintien ?
Nous visons le maintien. C’est une question de survie économique. Je le dis chaque année. Mais on sait très bien que terminer 8e, ce n’est pas la même chose en termes de données pour le club, que finir 15e. Cet aspect n’est pas négligeable pour un club comme Lorient.

Les Marchal, Abriel, Audard, Jallet, Ciani seront certainement sollicités en fin de saison. Va-t-on arriver à une fin de cycle ?
Je ne sais pas. Dans le foot, on ne peut avoir aucune certitude. Mais, à un moment donné, il faut que les ambitions du club soient en adéquation avec les ambitions individuelles. Le problème majeur au FC Lorient, ce sont ses infrastructures. Les joueurs qui ont vécu la montée il y a deux ans ne voient pas d’évolution. Il est assez légitime qu’ils veuillent aller voir ailleurs, indépendamment des aspects économiques. Il est beaucoup plus motivant d’évoluer, tous les quinze jours, dans un stade Vélodrome ou dans un Parc des Princes que dans un Stade du Moustoir. Quand les choses ne bougent pas, il y a forcément un grand danger. C’est ce qui est en train de se passer à Valenciennes. Le club est en difficulté parce que quelques joueurs importants sont partis. Un club qui n’avance pas recule. Et, parfois, il peut reculer très vite.

SON AVIS SUR LES RECRUES

Arnaud Le Lan. Il fallait, peut-être, qu’il convainque certaines personnes mais, en ce qui me concerne, Arnaud est en train de réaliser ce dont je savais qu’il était capable de faire.

Antoine Buron. Sa blessure pendant la préparation l’a pénalisé. Il est revenu dans le groupe et a disputé quelques minutes intéressantes contre Nancy. Je suis content pour lui.

Kévin Gameiro. Il a connu une préparation poussive. Il est monté en puissance et, désormais, c’est un autre joueur.

Morgan Amalfitano. Il est nettement mieux depuis quelques semaines, peut-être parce que des ouvertures se sont présentées. Il a une progression intéressante.

Alban Joinel. C’est notre troisième gardien. Un bon gardien. Et c’est quelqu’un qui, par sa personnalité, apporte quelque chose au groupe.

André Ayew. Il a eu une trajectoire différente des autres recrues. Au départ, il a joué sur l’euphorie. Ce n’était pas mal. Après, il a eu un coup de moins bien et il a dû faire face à la concurrence.

Bilan des recrues
« Il faut toujours éviter d’avoir des conclusions hâtives. Les recrues n’étaient pas des joueurs confirmés. Il fallait leur laisser le temps de s’adapter au club, ce lui n’est pas toujours évident. On n’en a pas forcément conscience, mais ce n’est pas véritablement nouveau que des joueurs mettent un certain temps à s’adapter au FC Lorient et à sa façon de travailler. On constate que les recrues montent en puissance les unes après les autres » (lire ci-dessus).

Le mercato d’hiver
« Il n’y a pas l’objectif de recruter. Le mercato concerne les joueurs qui ont un temps de jeu insuffisant, alors il n’est pas question, pour nous, de bloquer des garçons qui jouent leur avenir. On est toujours prêts à étudier la situation de celui que l’on utilise moins. Pour le reste, c’est une question de logique économique : il n’y aura pas d’arrivées s’il n’y a pas de départs. Il faudrait vraiment que l’on ait une offre considérable pour que l’un de nos joueurs majeurs s’en aille ».

La réussite de Yoann
« Je n’ai jamais fait de spéculation (sur la carrière de son fils). Quand il était parti à Milan (2006), le plus grand club du monde, c’était avec de l’ambition. Sinon, il n’y serait pas allé. Ce n’était pas uniquement pour porter le maillot de ce club, mais pour faire une carrière. En rejoignant Milan, il montrait qu’il avait l’ambition d’évoluer sur la scène internationale. La première année, ça s’était bien passé pour lui. La seconde fut un peu plus difficile. Mais, finalement, on constate que ses choix de carrière n’ont pas été si mal que ça ».

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