On peut avoir presque 100 ans et ne pas savoir quelle couleur revendiquer. Les aléas de l’histoire du club, la multiplicité des protagonistes et l’évolution de la colorimétrie ont bousculé le nuancier du FC Lorient. Il apparaît désormais complexe de définir une couleur exacte sur le cercle chromatique, et le constat est encore plus vrai, lorsqu’il s’agit de la nommer.
Le FC Lorient, c’est orange et noir ou tango et noir ? La question a été posée en début de semaine sur nos réseaux sociaux et le débat existe (64% orange et noir / 36% tango et noir). Alors que nous nous apprêtons à recevoir nos presque-voisins lavallois et à l’aube de notre anniversaire séculaire, il était temps d’apporter quelques éléments d’information à ce sujet.
Le tango. De quoi s’agit-il au juste ? L’utilisez-vous fréquemment dans la vie de tous les jours ? Hormis pour une soirée enflammée ou une après-midi dansante, pas vraiment ? En ouvrant le Larousse, tango est un adjectif invariable qui se définit comme : « d’un orange vif et foncé ». On doit l’avouer, ça ne nous aide pas forcément beaucoup et le Petit Robert ne va guère plus loin. En continuant nos recherches, on se fait happer par un flot d’informations plus en rythme et cadence qu’en colorimétrie, qui ne nous apporte rien de plus, à part le fait de connaître désormais les pas de base d’une danse de bal et de projeter des prochaines vacances en Argentine. « Les tangos, c’est le Stade Lavallois » a-t-on lu sur les réseaux. C’est vrai, nos prochains adversaires l’ont comme surnom et comme couleur. En fouillant un peu dans l’histoire de leur club, il apparaît néanmoins que ça n’a pas toujours été le cas. Le club a été fondé en 1902, mais il semblerait que c’est le vert et blanc qui étaient utilisés lors des premières années du club de Mayenne. Il est aussi évoqué la couleur rouge sang qui pourrait être à l’origine par la suite du Tango. L’histoire est un peu floue, le présent est par contre bien marqué couleur tango.
Côté FC Lorient, les couleurs du club viendraient du vêtement à carreaux portés par Charlotte Cuissard la fille de la fondatrice, Caroline Cuissard, lors de la création du club. Lorient a alors un emblème (le grondin qui changea très vite pour le merlu), un motif, le damier et des couleurs. Le noir, pas de débat mais avec du Orange ou du Tango ? Dans l’Ouest-Eclair (1927, 1931, 1932), les articles relatant les confrontations face aux « Jaune et noir du Véloce Vannetais », aux « ouvriers brestois » ou encore face aux « bleuets de Lorient », on lit ainsi pour nommer la formation des Merlus : « Les Tango et noir ». « Dimanche après-midi, au terrain de Kéryvaland, les jeunes damiers ont battu les seconds du grand patronage lorientais après une partie tout à leur avantage. Débutant avec le vent, les tango et noir prennent l’avantage dès le commencement… ». Outre le fait de voir l’importance du facteur vent et les termes anglais utilisés par les journalistes de l’époque (le ground pour le terrain, le second time pour la seconde période), on peut noter dans tous les articles de cette période que le tango est bien la couleur du « Football Club Lorientais » à sa création.
Comme l’indique le sondage effectué auprès de notre communauté, on s’aperçoit que désormais, le orange a parfois pris le pas sur le tango. Il n’en reste pas moins que ce tango est encore utilisé par une bonne partie de nos supporters, à juste titre, ainsi que de nombreux médias. Il souffre bien sûr face à un terme plus généraliste et commun et par le fait que la nuance est peu employée dans la vie de tous les jours et dont la définition est méconnue. Ce bal à deux nuances continuera sûrement dans les prochaines décennies.
Soyons tango et noir, soyons orange et noir, soyons fiers de notre club et de nos couleurs.
