LES PERSONNALITÉS

Avec 354 matchs au compteur dans les cages du FC Lorient, Fabien Audard est le joueur le plus capé du club. Après avoir tenté de s’imposer successivement à Toulouse et Bastia, il se voit confié en 2002 la lourde tâche de succéder à Stéphane Le Garrec. Mais son arrivée n’est formulée que sous la forme d’un prêt. Ses bonnes performances conduisent le FCL à l’engager définitivement un an plus tard mais il est très vite repéré par Monaco qui l’emprunte pour l’exercice 2004-05. Bloqué par Flavio Roma, il revient à Lorient l’année suivante et réalise une saison historique. Auréolé du titre de meilleur gardien de L2, il permet à son équipe d’accrocher la montée en L1. Très rapidement, il s’impose comme l’un des portiers emblématiques de l’élite. Sa taille imposante d’1m88, sa longue détente et son expérience dans le positionnement lui permettent de réaliser des arrêts spectaculaires et décisifs. Performant et régulier sur le terrain, il est un artisan majeur de la stabilisation du club en L1. Mais il est aussi un pilier au sein du groupe lorientais. Il porte notamment le brassard de capitaine de 2010 à 2012. Avant d’assurer parfaitement la transition avec le jeune Benjamin Lecomte, puis de prendre sa retraite en 2015. Cinq ans plus tard, il entre au conseil municipal de Lorient en devenant adjoint aux sports.

Kevin Gameiro est un joueur emblématique des grandes années du FC Lorient en L1. Car en plus d’être un symbole de l’identité offensive traditionnellement associée au FCL, il en est le meilleur buteur de l’histoire en L1. Arrivé de Strasbourg en 2008, il conquit le club morbihannais en franchissant tout juste la barre des 50 buts dans l’élite en seulement trois ans. En 2009-2010, il est l’un des grands artisans de la meilleure saison de l’histoire du club, ponctuée d’une 7ème place de L1. Mais la suivante est également redoutable, puisqu’avec 22 réalisations, l’attaquant vedette du Moustoir pulvérise le record du nombre de buts marqués sur un seul exercice de L1 avec Lorient et termine 2è au classement des buteurs du championnat. Sa renommée à l’échelle nationale est si importante qu’il est l’un des rares Lorientais à connaître ses premières capes en bleu alors qu’il porte encore la tunique tango et noire. Six jours avant d’être officiellement transféré au Paris SG, il inscrit son premier but en Equipe de France. Ses chiffres en bleu s’élèvent finalement à 13 sélections et 3 buts.

Arrivé en provenance de Laval en 1997, Stéphane Pédron change de tango. Et cela lui réussit très bien car, dès sa première saison, le FC Lorient monte pour la première fois de son histoire en D1. Le natif de Redon est l’un des acteurs principaux de cet exploit collectif, à tel point qu’il se voit décerner l’Etoile d’or de D2 par France Football. Plus qu’un simple milieu gauche, il participe à l’organisation du jeu et se transforme en finisseur hors-pair. En démontre ses 20 buts inscrits toutes compétions confondues au cours de l’exercice 1997-98. D’autant plus que si sa patte gauche est déjà une arme redoutable, elle devient un véritable poison pour les défenses adverses lorsqu’il s’agit de tirer les coups francs directement. Parti en 1999 puis passé par Saint-Etienne, Lens et le PSG, il accepte contre toute attente de revenir en L2 en 2003 pour aider le FCL à retrouver l’élite. Pari gagnant, puisque le club remonte en 2006. Après une dernière année en L1, il met un terme à sa carrière de joueur et fige son compteur à 172 matchs avec les Merlus. Mais son histoire avec Lorient ne s’arrête pas pour autant. A peine en retraite, il intègre le staff technique. En 2009, il devient superviseur de la cellule de recrutement. Un poste qu’il occupe jusqu’en 2022.

Christian Gourcuff est une légende du FC Lorient. Lorsque le président Guénoum vient le chercher en Suisse pour prendre les rênes de l’équipe en 1982, les Merlus sont promus en DH. Mais il ne se contente pas d’entraîner puisqu’il est aussi milieu de terrain et dispute une centaine de matchs. Avec cette double casquette, il transmet les directives à ses coéquipiers directement sur le rectangle vert. Après trois montées successives, il ramène le FCL en D2 avant de rejoindre Le Mans en 1986. Alors que le club est sauvé de la faillite de justesse, il est rappelé par Guénoum en 1991 pour faire remonter le club en D2. Champion de National quatre ans plus tard, il fait encore mieux puisqu’il est le grand artisan de la première accession en D1 de l’histoire des Merlus en 1998. Lors de son troisième passage entre 2003 et 2014, il permet cette fois au FC Lorient de se stabiliser en L1 et de réaliser les meilleurs résultats de son histoire. Adepte du beau jeu et de son célèbre 4-4-2, le « druide » se forge une renommée nationale. Il prouve que les résultats et le style de jeu ne sont pas incompatibles. Idole absolu du Moustoir, il est celui qui incarne parfaitement l’ADN du FC Lorient dans son ère moderne.

A la tête du FCL durant près d’un quart de siècle, Jean Tomine est le président emblématique des Merlus. Pharmacien de formation, il prend la succession d’Auguste Foulon en 1939, devenant le cinquième président d’un club créé seulement treize ans auparavant. Mais alors que la guerre fait rage, il est fait prisonnier par les Allemands en 1940 et doit temporairement laisser les clefs du camion à Yves Diény. Lorsque la ville aux cinq ports est libérée en 1944, il retrouve la présidence. Mais il est désormais confronté à un défi de taille : reconstruire une équipe performante avec des moyens dérisoires au milieu d’une ville ruinée. Luttant tant que bien mal pour maintenir des finances saines et attirer des joueurs de renom, il parvient à inscrire le nom du FC Lorient dans les plus hautes sphères du football amateur. Sous sa présidence, les Merlus connaissent pas moins de quatre montées à l’échelon supérieur. Mais il est surtout le grand artisan de la professionnalisation du club en 1967, permettant au FCL de changer définitivement de dimension, avant de partir en légende.

Milieu offensif de 1926 à 1950, André Badoil (à gauche sur la photo) est le joueur possédant la longévité la plus importante chez les Tango et Noirs. Après avoir fait ses premières armes à la Marée Sportive, dès l’âge de 14 ans, il devient l’unique lorientais à faire partie des pionniers lors de la création du club puis à participer à la reconstruction de celui-ci après la guerre, 20 ans plus tard. Son aspect offensif l’amène parfois à évoluer au poste d’avant-centre. En 1931, il est militaire au 505è mais continue à évoluer sous les couleurs du FCL. Un an plus tard, il est le premier Merlu à être convoqué en Equipe de l’Ouest avec laquelle il compte par la suite une douzaine de sélections. Grand artisan des titres de Champion de l’Ouest amateur en 1932 et 1936, il n’en reste pas moins fidèle à son club de cœur malgré les propositions de l’USDP et de l’AS Brestoise, le grand concurrent du FCL dans les années 1930. Sa carrière prend fin en 1950 à la suite d’un déboîtement du genou.

Caroline Cuissard est la véritable fondatrice du FC Lorient. Née en 1882 d’une mère mareyeuse et d’un père commerçant, elle perpétue la tradition familiale en ouvrant rapidement un étal de poisson dans sa ville d’origine, Saint-Etienne. Mais elle ne tarde pas à débarquer à Keroman pour reprendre le magasin de marée de l’un de ses fournisseurs. Si son entreprise ne cesse de croître dans l’entre-deux-guerres, elle développe une autre passion : le football. Bien aidée par son mari Jean et son fils Joseph, elle créé en 1925 une équipe corporative, du nom de la Marée Sportive, composée uniquement de mareyeurs installés à l’Estacade. Le succès est tel qu’un an plus tard, l’équipe obtient le statut amateur et change de nom. Le FC Lorient est officiellement fondé. Sa proximité avec les joueurs qu’elle considère comme « ses enfants » scelle l’ADN familial que le club conservera par la suite. Par soucis d’économie, elle leur offre même des vieux filets de chalut en guise de filets de but et met à la disposition du club une propriété qu’elle possède au cœur de la ville. Dans un monde avant tout rempli d’hommes, elle fait déjà figure de pionnière et d’exemple. Son empreinte sur le football et le FC Lorient est alors indélébile.

Adulé pour son but décisif marqué en finale de la Coupe de France en 2002, Jean-Claude Darcheville est avant tout un attaquant d’exception. Puissant, technique et habile devant la cage, sa palette offensive extrêmement riche façonne l’un des profils les plus emblématiques de la L1 des années 2000. Ironie du sort, c’est lors d’un 7è tour de Coupe de France disputé avec l’US Sinnamary contre le FCL en 1994 que le Guyanais attise la curiosité des recruteurs en métropole. Après un passage chez le voisin rennais entre 1995 et 1998 puis une courte parenthèse à Nottingham, il déboule à Keroman l’année suivante. En trois saisons chez les Merlus, il illumine le Moustoir avec pas moins de 53 buts inscrits en 116 apparitions. La saison 2001-02 est le point d’orgue de son passage à Lorient, puisqu’avec 19 buts marqués, il s’installe sur le podium des meilleurs réalisateurs de L1, juste derrière Djibril Cissé et Pedro Miguel Pauleta. Pourtant, il est sifflé par une partie du public au Stade de France au moment de sa sortie lors de la finale de la Coupe de la Ligue perdue contre Bordeaux. Joueur de caractère et amoureux de son club, il prend sa revanche deux semaines plus tard, à l’occasion de la finale de la Coupe France, en devenant le héros de toute une ville. Avant de quitter le FCL par la grande porte.