L’HISTOIRE DU CLUB
C’est le long de l’Estacade, sur le bord des quais, que démarre la grande histoire du FC Lorient. Plongée au cœur des années 1920, la ville de Lorient connaît une période d’essor économique sans précédent, avec notamment l’expansion du port de commerce de Kergroise et la construction du port de pêche de Keroman. C’est le moment choisi par les Cuissard, une famille de commerçants originaires du Forez, pour poser leurs bagages dans la ville côtière afin d’y vendre du poisson.
Mais en-dehors de leur magasin de marrée, une nouvelle passion les dévore : le football. Menés par la mère Caroline, les Cuissard créent dès 1925 une équipe corporative appelée la « Marée sportive », entièrement composée de salariés travaillant dans le mareyage. Face à l’engouement que le groupe de joueurs suscite, les Cuissard s’attaquent très vite à un nouveau défi : faire officiellement de cette équipe un véritable club.
Le 2 avril 1926, les partisans de la Marée sportive se retrouvent dans l’arrière salle du café Eon, rue Carnot, afin d’y former une assemblée générale constitutive. Jean Cuissard, le mari de Caroline, appose sa signature sur le document officialisant les nouveaux statuts du club fraîchement créé. Il s’agit désormais du « FC Lorient ». Le jeune club décide d’arborer les couleurs tango et noires et troque l’emblème du grondin pour celui du merlu, réputé plus noble. Il dispute son premier match, à Nantes, contre l’équipe de Basse-Indre, mais s’incline 3-2.
Engagé dans les championnats régionaux, le FCL démarre en bas de l’échelle. Mais dès la première saison, il remporte le championnat de 3ème série. Son ascension est fulgurante. Il prend successivement la tête des championnats de 2ème série puis de 1ère série en 1928 et 1929. Menée par les pionniers Jean Nioche, Edmond Auffret, Georges Le Lardeux ou encore le gardien Pierre Février, l’équipe aux damiers se crée une réputation qui dépasse les frontières hexagonales. En 1932, elle s’offre un match de gala contre le célèbre Kispest Budapest et s’impose 2-1 au bout du suspense.
Quelques semaines plus tard, c’est la consécration pour le FC Lorient. Les Merlus atteignent pour la première fois les 1/16ème de finale de la Coupe de France mais décrochent surtout le titre de Champion de Bretagne. Et de quelle manière ! Au tiers de la saison, le FCL n’a remporté aucun match et pointe à la dernière place du classement. C’est alors au terme d’une phase retour absolument renversante que les Merlus réalisent l’impensable en s’adjugeant le graal sur le fil.
Un exploit répété en 1936, voire sublimé, puisqu’il s’agit désormais du titre de Champion de l’Ouest, au terme d’un duel épique ponctué d’un succès 0-3 lors de la dernière journée contre l’AS Brest. Un beau pied de nez à l’équipe qui lui avait chipé la couronne un an plus tôt, à l’occasion d’un match d’appui qui avait dû être organisé sur terrain neutre à Quimper pour départager les deux clubs à égalité parfaite.
Mais le FCL brille aussi en-dehors des terrains en herbe. Très vite, sont créées une section natation et une section athlétisme. Cette dernière profite notamment à Joseph Wirtz, spécialiste du lancer de disque et recordman de France dans sa discipline, qui est envoyé à Berlin pour défendre les couleurs tricolores aux Jeux Olympiques de 1936.
9 – C’est le nombre de victoires successives permettant au FCL de boucler la saison 1931-32 de manière explosive, avec un premier titre de Champion de Bretagne à la clef… alors qu’il n’avait pas gagné un seul match de championnat avant.
10-0 – C’est le score infligé à l’Armoricaine brestoise lors de la fameuse saison 1931-32. Avec un quintuplé du talentueux André Badoil qui récidivera quelques semaines plus tard contre l’AS Brest… l’autre club de « la Grise ».
Après six podiums successifs en championnat, dont deux titres remportés, le FC Lorient rentre légèrement dans le rang avec une 8ème et 9ème places acquises en 1937 et 1938. Les cadres de l’équipe qui avait émergé lors de la fondation du club en 1926 commencent à se faire plus âgés. Le FCL tente de rebondir, notamment avec la nomination de Jean Tomine au poste de président en 1939 en remplacement d’Auguste Foulon.
Mais le contexte politique international n’aide pas vraiment les Merlus à repartir de bon pied. Le 3 septembre 1939, la France déclare la guerre à l’Allemagne. Bien que Lorient reste encore loin des combats, la situation déstabilise le bon déroulement des championnats interrégionaux. Une alternative est trouvée avec la création de la Coupe des Aînés mais les Lorientais ne terminent que 5ème. L’absence de clubs professionnels en Coupe de France permet toutefois aux Tango et Noirs d’atteindre les 1/32è de finale.
Cependant, l’intersaison qui suit est chaotique. Le 21 juin 1940, les Allemands envahissent la poche de Lorient. La ville aux cinq ports devient un point stratégique de haute importance pour le régime nazi qui souhaite y construire l’une des cinq bases de sous-marins constituant le Mur de l’Atlantique. Dès le mois d’août, la ville subit ses premiers bombardements. C’est le début d’une destruction qui dure cinq ans.
De 1940 à 1942, le FC Lorient parvient tout de même à rester compétitif dans les championnats qu’il dispute. D’abord, au sein du District Bretagne-Sud qu’il manque de remporter de peu. Puis, au sein de la Division supérieure. Mais en janvier 1943, la ville est totalement défigurée suite aux bombardements massifs menés par l’aviation anglaise. Le club doit déclarer forfait en pleine saison. Cette fois, le FCL est presque mort.
Le Parc des Sports est impraticable depuis sa reconversion en entrepôt de matériel et d’armement par les Allemands. Plusieurs joueurs fuient vers la campagne et nombre d’entre eux rejoignent les organisations de Résistance. Les dirigeants font aussi preuve d’héroïsme. Emprisonné, Jean Tomine délègue le rôle de président à Yves Diény, un médecin résistant qui rassemble et soigne les blessés à Quéven jusqu’à son arrestation en août 1944.
Sous l’impulsion du secrétaire général René Hilly, certains joueurs parviennent tout de même à se retrouver le dimanche après-midi pour organiser quelques rencontres amicales et tenter de faire survivre le club. Ils se donnent rendez-vous à Pontivy dans la discrétion la plus totale afin de ne pas être retrouvés. Mais il n’est plus question de compétition officielle. Dans ces conditions, les résultats sportifs passent largement au second plan.
Le 10 mai 1945, la poche de Lorient est libérée. L’heure est à la reconstruction. Mais les traumatismes sont encore présents, certains réfugiés mettent du temps à revenir et la ville est sinistrée. En fin d’année, Paul Jappé propose aux dirigeants la création d’un club de supporters afin d’apporter une aide financière substantielle. C’est à travers la solidarité et une volonté infaillible de renaître que le FC Lorient doit passer pour se donner les moyens d’exister.
2 – Contexte de guerre oblige, le FC Lorient a dû se désengager des championnats qu’il disputait durant deux saisons, sans pour autant cesser d’exister.
Au lendemain du conflit mondial, le FC Lorient doit quasiment repartir de zéro. Malgré le réengagement du club dans les championnats interrégionaux, Jean Tomine, qui a repris la présidence, doit composer avec les séquelles causées par la guerre. Les comptes sont au rouge et le Parc des Sports est parsemé de cratères causés par les bombardements. Mais c’est la ville entière qui doit faire face aux difficultés de la reconstruction.
Pour tenter de relancer son magasin de marrée, Caroline Cuissard demande à son petit-fils Antoine Cuissard, joueur professionnel à l’AS Saint-Etienne, de lui venir en aide. Celui-ci répond favorablement à l’appel mais doit trouver un club de football pour maintenir son niveau. Malgré le statut amateur des Merlus, Antoine n’hésite pas une seconde : il enfile la tunique tango et noire pour le plus grand bonheur de sa grand-mère et du nouveau club de supporters qui vient d’être créé. Mais « Tatane » ne vient pas seul. Son entraîneur, Jean Snella, accepte de l’accompagner pour relever l’immense défi de rebâtir une équipe compétitive.
Le pari s’avère gagnant. Le duo Snella–Cuissard, épaulé par la légende André Badoil, déjà joueur lors de la fondation du club en 1926, affiche une étonnante 5ème place en 1947. L’année suivante, « Tatane » repart dans le Forez mais Snella achève le travail en faisant passer les Damiers de la Division d’Honneur au CFA. Désormais placé sous la bagatelle de l’ancien résistant Marcel Lisiero, l’euphorie gagne le club lorientais, tout proche de remporter le championnat amateur en 1949 et arrivant pour la deuxième fois successive en 1/32ème de finale de la Coupe de France. Mais cet enthousiasme ne dure pas. Affaibli par deux descentes consécutives, le FCL doit repartir en DRH en 1952.
Est alors venue l’heure de la structuration. Après une remontée directe en DH, le nouvel entraîneur-joueur George Girot impose une nouvelle rigueur et négocie les premières primes de match pour ses coéquipiers. Parmi ces derniers, il peut compter sur les expérimentés Georges Vinsonneau, Pierre Le Kerblat et Armel Le Ny, mais aussi le fidèle Lucien Philipot ou encore le futur international Yvon Goujon. Les débuts sont prometteurs puisqu’entre 1953 et 1956 l’équipe se classe systématiquement dans le top 5. Si l’entente sur le terrain porte ses fruits, elle se prolonge même en-dehors. Lors des déplacements en car, les joueurs n’hésitent pas à pousser la chansonnette : « Ils étaient une équipe de copains… ».
Face aux bons résultats obtenus, l’engouement populaire monte en flèche. Tous les ans, le bal du FC Lorient déchaîne les habitués. Après chaque rencontre, les supporters des Merlus se retrouvent à l’Olympic Bar, à deux pas du Royal. Mais le FCL n’est pas le seul à passionner les foules. C’est dans les années 1950 que la féroce rivalité l’opposant au CEP, l’autre grand club de la ville, atteint son paroxysme. Cet antagonisme local trouve son point d’orgue dans les dernières journées de la saison 1956-1957. Les Tango et Noirs infligent une correction sans pareille (4-0) à leur rival et valident par la même occasion un retour historique en CFA.
Dans la continuité de cette dynamique, les Merlus s’attachent à faire honneur à leurs couleurs face aux meilleures équipes amatrices du pays. Après une première saison concluante ponctuée d’une 6ème place, l’année de la confirmation apparaît plus compliquée. Malgré les arrivées de joueurs importants tels que le portier Garin, Robert Cola ou encore Jacky Goujon, la 11ème place acquise en 1959 ne permet pas de se maintenir. Lorsque le coach Georges Girot acte son départ, seize joueurs de l’effectif décident de le suivre. C’est la fin d’une génération.
Retombé en DH, le FC Lorient voit son effectif totalement bouleversé à l’orée de la saison 1959-1960. Et comme pour marquer définitivement une rupture, ce ne sont pas seulement les joueurs mais le stade qui change. Après plus de trente années passées au Parc des Sports, les Merlus se retrouvent désormais à une centaine de mètres de leur ancien fief, dans le tout récent Stade du Moustoir. Mais alors qui de mieux qu’Antoine Cuissard, l’enfant du pays, pour reprendre le poste d’entraîneur-joueur et diriger cette équipe lorientaise nouvelle génération ?
Bien aidés dès la première saison par les 6.000 spectateurs venus les encourager, les Tango et Noirs se montrent intraitables dans leur nouvelle enceinte. 3-2 face à Laval, 3-0 contre Concarneau, 4-1 face au Mans, 2-0 devant l’UCK Vannes… C’est alors le CEP, véritable colocataire au Moustoir, qui brise la série d’invincibilité (1-2). En toute fin de saison, le deuxième et dernier revers, contre la réserve du Stade Rennais (1-2), est fatale aux Damiers. Mais l’essentiel est ailleurs. La femme d’Antoine Cuissard, victime d’un accident de la route, a besoin de soins médicaux. Pour financer son hospitalisation, le club organise un match de charité qui voit le FCL affronter le tout récent vainqueur de la Coupe de France, l’AS Monaco.
Sans « Tatane », reparti aussitôt quelques mois plus tard, c’est un ancien Nantais, Daniel Carpentier, qui reprend les rênes de l’équipe. Avec leur nouveau coach, les Merlus montent en puissance au fil des saisons. Il faut dire que la nouvelle génération qui émerge est prometteuse. Ses exploits en Coupe Gambardella ne sont pas passés inaperçus. Après s’être inclinés en 1/8ème de finale contre le Stade Français (2-0) devant 50.000 spectateurs à Colombes en 1960, les Merluchons enchaînent avec un ¼ de finale en 1961, puis un dernier carré historique en 1962, au terme d’un parcours qui voit les jeunes lorientais terrasser le Racing et ses internationaux en quart de finale, avant de tomber contre le FC Metz dans une demi-finale polémique (2-0).
Revigorés par l’apport des jeunes Pierre Le Corre, Paul Le Bellec ou encore Jacky Ruyet, les hommes de Carpentier affichent une régularité à toute épreuve. Avec seulement cinq revers à domicile toutes compétitions confondues entre 1962 et 1966, les Tango et Noirs transforment le Moustoir en une véritable forteresse. Si cette solidité sur le plan sportif les amène à disputer systématiquement les premiers rôles en championnat, le mauvais sort s’acharne sur le FCL. Les Merlus ont tendance à lâcher de précieux points au moment de boucler leurs saisons. En terminant trois fois 3ème (1963, 1965 et 1966) et une fois 4ème (1964), l’accession en CFA semble se refuser définitivement au FC Lorient.
Mais la saison 1966-1967 sonne comme un tournant majeur dans l’histoire du club. Malgré une énième 3ème place acquise en fin d’exercice, le virage que s’apprête à emprunter le FCL provient cette fois des coulisses. Depuis plusieurs années, une idée émerge dans l’esprit du président historique Jean Tomine. Il rêve de voir son club ouvrir une section professionnelle et ainsi accéder à la D2. Avec l’aide et les financements d’Henri Ducassou et René Ruello, c’est chose faite ! La professionnalisation est actée dès la fin de la saison.
8 – En huit saisons passées en DH entre 1958 et 1967, le FC Lorient ne s’est jamais classé en-dessous de la… 8ème place. Une performance d’autant plus honorable qu’il a terminé à six reprises dans le Big Four.
24 – C’est le nombre total d’années passées par Jean Tomine à la tête de la présidence jusqu’à son départ en 1967, avec une interruption momentanée entre 1940 et 1944.
Dès l’été 1967, le FC Lorient veut mettre toutes les chances de son côté pour être à la hauteur de son nouveau statut professionnel. Les dirigeants Ducassou et Ruello décident d’aller piocher des joueurs de D1 pour composer l’effectif. Ainsi débarquent le canari Jean-Jacques Simon, les deux Stéphanois René Donoyan et Nello Sbaïz, le trio rennais composé d’Yves Boutet, Jean-Claude Darchen et André Ascensio, mais aussi le Lorientais d’origine Roland Guillas, devenu une véritable star à Bordeaux. Ce n’est d’ailleurs pas le seul à revenir sur ses terres. Pour la troisième fois, Antoine Cuissard pose ses valises à Lorient. Cette fois sans les crampons mais uniquement avec le costume d’entraîneur.
Le 19 août 1967, pas moins de 11.268 spectateurs se rassemblent au Moustoir pour assister au premier match en pro du FC Lorient, contre Boulogne-sur-Mer (1-1). Si la suite de la saison est une réussite pour l’engouement que chaque rencontre suscite, le FCL fait bonne figure avec une honorable 8ème place en D2. Surtout, il déjoue tous les pronostics en tenant tête à la sélection soviétique dans un improbable match amical (0-0) marqué par les prouesses du populaire « Job » Le Borgne. Seule ombre au tableau : une terrible mésentente entre Cuissard et les dirigeants, conduisant le premier à quitter le navire prématurément. Une fois n’est pas coutume, « Tatane » ne sera resté qu’une seule saison…
Après un court passage d’Yves Boutet au poste d’entraîneur-joueur lors de la saison suivante, c’est Emile Rummelhardt qui est désigné pour reprendre les clefs du camion. Il participe grandement à la stabilisation du club en D2 et permet même à celui-ci de tutoyer les places d’honneur avec une 6ème position acquise en 1971. Une année décidément réussie puisque les jeunes, emmenés par l’attaquant Jean-Luc Kerangouarec, atteignent pour la seconde fois de leur histoire le dernier carré de la Coupe Gambardella, notamment après un exploit retentissant contre Rennes (1-1, qualification aux tirs aux buts).
La réussite n’est pas la même en Coupe Interceltique, créée à l’occasion du célèbre Festival au début des années 1970. Mais c’est surtout l’occasion de représenter fièrement la Bretagne en portant exceptionnellement un maillot blanc frappé de l’hermine. Malgré l’hégémonie partagé par le Stade Rennais et le FC Nantes sur l’ensemble de la péninsule, le FC Lorient prouve qu’il peut lui aussi faire rayonner le football breton en-dehors des frontières.
Au cours de l’année 1972, le président Ducassou laisse sa place. Il est remplacé par Xavier Le Louarn, médecin de profession. Si André Mori, entraîneur d’une seule saison, a tout juste le temps de remporter un Kriter d’honneur décerné par les journaux pour le maintien, c’est sous les ordres de Jean Vincent, à partir de la saison 1972–1973, que le FCL devient un candidat récurrent à l’accession en D1. Profitant d’un collectif bien huilé, emmené par Roger Marette et bonifié à l’intersaison 1974 par l’arrivée du Yougoslave Bozidar Jankovic et le retour du canonnier Bernard Goraguer, les Merlus possèdent une ligne d’attaque d’exception.
Le FC Lorient enchaîne alors deux podiums successifs en 1975 et 1976. Pour le cinquantenaire du club, les supporters ne pouvaient pas rêver mieux. Car jamais les Tango et Noirs n’avaient réalisé de telles performances ! Mais c’est encore insuffisant pour monter en D1. Le coup passe si près… tout comme en Coupe de France. En 1975, les Lorientais réalisent un 1/16è de finale aller historique en menant 3-0 contre Angers, cador de la D1, jusqu’à trois minutes de la fin. Mais trop joueurs et trop tendres, ils se font rejoindre en toute fin de partie (3-3), avant de se faire éliminer au retour quelques jours plus tard (2-0).
Ce n’est que partie remise ! Lors de l’exercice 1976–1977, les hommes de Louis Hon atteignent les ¼ de finale de la coupe nationale pour la première fois de leur histoire après avoir éliminé deux pensionnaires de D1, Laval et Rennes, ainsi que le surprenant Gueugnon. Malgré un succès imprévisible face à Reims (2-0) en ¼ de finale aller, le FCL sombre au retour (8-2). Cette épopée a tout de même le mérite d’éclaircir une saison bien terne, marquée par une descente et un dépôt de bilan dû à des soucis financiers. Après une décennie d’exception passée dans le monde pro, les Merlus replongent au niveau amateur…
6 – La professionnalisation du FC Lorient ne passe pas inaperçu dans la ville aux cinq ports, puisque dès le premier mois de compétition, en 1967, la moyenne d’affluence du FCL se classe en 6ème position parmi tous les clubs professionnels français, D1 comprise. L’engouement est total.
5 – C’est le nombre de buts inscrits par le FC Lorient en l’espace de six mois, entre le 22 octobre 1969 et le 22 avril 1970. Sur un total de quinze rencontres successives en championnat, il n’est parvenu à marquer que lors de trois d’entre eux. Un énorme trou d’air offensif compensé par une défense solide sur laquelle s’appuie le nouveau coach Emile Rummelhardt.
Retour dans le monde amateur oblige, le club lorientais réalise un grand renouvellement au sein de son effectif. Exit Jacky Bigot, Roger Marette, Bernard Goraguer ou encore Christian Andersen. Les Lorientais doivent composer avec un effectif réduit sans pour autant renoncer à leurs ambitions. Pour amortir la chute, quelques retours d’anciens joueurs sont à signaler. Tous proviennent des clubs aux alentours. Parmi les meilleurs fournisseurs : l’US Berné et l’AS Lanester. Le premier transfère le gardien André Jégouzo, tandis que c’est depuis le second que débarque l’attaquant Jean-Louis Kerangouarec. Malgré tous les efforts consentis, la chance ne sourit pas aux Merlus qui terminent relégués, à seulement un point du maintien.
Descendu en D4, la chute est vertigineuse. Le FC Lorient est cette fois au bord de la faillite et le président ne peut plus assurer la gestion économique du club. Problème : personne n’est disposé à reprendre l’affaire. Personne ? Sauf les supporters, qui se refusent à perdre leur joyau. Par l’intermédiaire de leur association, présidée par Augustin Jaffro, ils s’organisent tant bien que mal pour reprendre le club et éviter sa disparition définitive. En octobre 1978, Ils s’engagent ainsi à rembourser la dette à hauteur de 1.000 francs par mois, bien aidés par le nouveau président Jules Glain. Tous les moyens sont bons pour trouver de l’argent. Invention de petits gadgets aux couleurs du FCL, vente de merguez-frites dans les travées du Moustoir… En échange, les Tango et Noirs sont autorisés à évoluer en D4, à condition de se renommer « Club des Supporters du FC Lorient ».
Pour autant, la situation est encore très compliquée sportivement. Après un début de saison marqué par les troubles administratifs, le CSFCL se retrouve à nouveau en mauvaise posture en championnat. Les départs de Jacques Rossignol et de Claude Le Borgne affaiblissent encore un peu plus l’équipe. Avec un faible bilan de cinq victoires en 26 journées, les Merlus sont relégués à l’échelon inférieur pour la troisième fois d’affilée. AS Brest, Penmarch ou encore Quimperlé… tous ont battu le CSFCL à l’aller et au retour. Si la présence dans le monde pro du club de la ville aux cinq ports n’est plus d’actualité, sa supériorité sur le plan régional voire départemental est également mise à mal.
Désormais en DH, tout est à reconstruire. La valse des entraîneurs se poursuit avec la nomination de Bernard Gouëffic pour la saison 1979-1980. Mais une fois de plus, le CSFC Lorient se retrouve au bord du précipice. A deux journées de la fin, il doit absolument s’imposer par deux fois pour espérer un miracle. Et alors que la mission s’avère être une réussite contre Cléder (3-1), c’est une autre paire de manche qui attend les Tango et Noirs à Guingamp. Bien qu’ils mènent rapidement 1-0, c’est le Guingampais Christian Gourcuff qui, en égalisant en début de seconde période, endosse le rôle de bourreau. Avant que Louis Le Gallo transforme le penalty libérateur permettant aux Merlus de se sauver in-extremis. Les deux hommes ne le savent pas encore mais, l’un en tant qu’entraîneur et l’autre en tant que président, ce sont eux qui constitueront le tandem de la première montée en D1 18 ans plus tard…
Toujours est-il que, pour le moment, le CSFCL est encore très loin de l’élite. Après avoir échappé de peu à la descente, le couperet finit tout de même par tomber un an plus tard. Pourtant, le nouveau président Georges Guénoum a des moyens et des ambitions. Mais il faut dire que le sort s’acharne sur les Lorientais. Avec la création de la Ligue du Maine en cours de saison, les résultats obtenus contre Le Mans, Mamers et SO Maine ne comptent plus et le classement de la Ligue de l’Ouest se retrouve bouleversé. A l’origine non-relégables, les Merlus se transforment en véritables dindons de la farce. Relégué en DSR, jamais le club lorientais ne s’était retrouvé à un niveau aussi bas depuis la fin de la guerre.
3 – C’est le nombre de fois durant lesquels le match opposant le CSFCL à Laval est annulé au cours de la saison 1977-1978. Initialement interrompu à la 65è minute à cause de la neige, alors que Lorient mène 1-0, il est reprogrammé à deux reprises mais, à chaque fois, la pluie empêche la rencontre de se tenir. Le CSFCL est alors déclaré perdant sur tapis vert, un mois avant d’être relégué pour un seul point.
3 – C’est le nombre d’entraîneurs s’étant succédés sur le banc lors de la saison 1977-1978 : Après Louis Hon, c’est Yves Boutet dès décembre 1977, puis Paul Le Bellec début mai 1978 qui tentent de redresser la barre.
Alors qu’il a dégringolé de la D2 à la DSR en l’espace de quatre ans, le FC Lorient n’a plus le choix. Il doit rebondir coûte que coûte, sportivement et économiquement, sous peine de rendre la faillite inévitable une bonne fois pour toute. Malgré la longue agonie qu’a subie le club au cours des dernières années, Georges Guénoum s’arrange pour conserver la plupart de ses joueurs. Pourtant, il n’hésite pas à restreindre drastiquement les salaires et les dépenses jugées contraignantes. Pour convaincre certaines recrues de venir et pour persuader ses propres joueurs de rester, le nouveau président passe son temps à dénicher des emplois qui offriraient à ses joueurs une situation stable en-dehors des terrains. Le pari s’avère osé.
Mais les résultats sont positifs. En gardant le noyau dur des saisons précédentes, composé des Jean-Luc Kerangouarec, André Jégouzo, Thierry Briand ainsi que Claude Bihannic, tous présents en D3 quatre ans plus tôt, l’équipe dispose d’atouts intéressants pour une équipe de DSR. D’autant plus que s’ajoutent à la fête l’entraîneur Louis Lagadec, ainsi que Ramon Ramirez, de retour six ans après. Preuve de leur supériorité en championnat, les Merlus restent invaincus jusqu’à l’avant-dernière journée et n’encaissent que 12 buts. Mais c’est en Coupe de l’Ouest que le FCL fait surtout parler de lui. Après avoir éliminé des équipes de DH, il ne fait qu’une bouchée de Paimpol en finale (8-0). La machine est relancée !
Mais le chemin est encore long. Le début des années 1980 est une parenthèse unique dans l’histoire du club. Loin des paillettes et des caméras, l’équipe de la ville aux cinq ports côtoie les joies mais aussi les contraintes des divisions inférieures. Les déplacements en voiture, les terrains champêtres, les affluences à moins de 1.000 spectateurs… Sportivement, le FCL n’est plus un cador sur son territoire. Tour à tour, Quimperlé, Lanester ou encore Plouhinec parviennent à rivaliser.
Si l’issue de la saison 1981-1982 déclenche une dynamique positive, le chantier reste immense. Contre toute attente, le coach Lagadec n’est pas conservé malgré les bons résultats. Pari risqué, car son successeur n’a que 27 ans et ne possède aucune expérience dans le costume d’entraîneur. Arrivé en provenance de la Suisse, Christian Gourcuff doit donc faire toutes ses preuves. Dès sa prise de fonction, il expose ses idées de jeu basées sur le collectif, le mouvement, l’esthétisme mais aussi l’équilibre. Très vite, il prouve que le beau jeu peut être accompagné d’un bilan comptable favorable. Avec une attaque de feu, Lorient prend aisément la tête de son groupe en DH et enchaîne une deuxième montée successive.
L’intersaison 1983 est déterminante. Quasiment aucun départ n’est à signaler. Le message est clair, Lorient n’a pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin. A l’inverse, chaque poste est renforcé : François Blin dans les buts, Gilles Hado en défense et Frédéric Jéhel sur le front de l’attaque. Mais c’est surtout le retour de Roger Marette. La saison est un franc succès. L’équipe reste invaincue durant toute la phase retour et termine à nouveau première de son groupe. A l’échelle locale, l’engouement a doublé voire triplé depuis deux ans. En atteste l’explosion de joie au coup de sifflet final de la dernière journée contre Château-Gontier (5-0) et l’envahissement de terrain qui s’en suit.
Après trois accessions, la fin de l’insouciance ? Le nouveau président Jean-Maurice Besnard souhaite achever le travail de son prédécesseur et retrouver la D2. Tout de suite ? Chiche ! Au coude à coude avec les réserves de Laval et de Nantes, le FCL prend la tête du championnat et conclut par un feu d’artifice (8-1) contre Viry-Châtillon à deux journées de la fin. Il faut dire qu’avec les ajouts de Claude Colas et de Jean-Marc Jeffroy, les cartouches offensives distribuées au cours de la saison, telles que contre Saint-Pol-de-Léon (6-2) et l’UCK Vannes (6-0), font le bonheur des spectateurs. Et même lorsque Lorient perd, les Tango et Noirs font le spectacle, à l’image de la défaite irrationnelle vécue à Nantes (6-5). L’exercice 1984-1985 est considéré comme la quintessence du beau jeu, des bons résultats et de l’esprit festif qui règne au sein de la bande de copains emmenée par Gourcuff. Après avoir connu l’enfer des quatre relégations en cinq ans, les Merlus goûtent au paradis des quatre accessions d’affilées. Une première dans l’histoire des clubs français !
4 – Le FC Lorient est le seul club dans l’histoire du football français à avoir remporté quatre titres de champion successifs en DSR, DH, D4 et D3.
3 – C’est le nombre de présidents du FC Lorient ayant été joueur lors de la saison 1982-1983 : les futurs présidents Louis Le Gallo et André Jégouzo… mais également l’actuel, Georges Guénoum, qui dispute un seul match à l’âge de 40 ans lors de l’avant-dernière journée contre Plouhinec.
De retour en D2, le plus dur reste à faire pour le FC Lorient. L’objectif : se maintenir dans l’antichambre du football français pour envisager une stabilisation à terme dans le monde professionnel. La tâche s’annonce ardue, d’autant plus que certains cadres de l’effectif se font de plus en plus vieillissants et que la remontée au plus haut niveau implique des dépenses budgétaires plus importantes. Alors que le Moustoir pleure les départs en retraite successifs de ses joueurs emblématiques, tels que Roger Marette, Ramon Ramirez et Thierry Briand, les supporters alternent chaque année entre les joies de la montée et les déceptions de la descente.
Il faut dire qu’après quatre montées successives, la marche était un peu haute. Dès 1986, Lorient descend en D3 alors qu’il n’est qu’à un petit point… du milieu de tableau. Mais le traumatisme de la dégringolade subie à peine une décennie plus tôt est encore dans toutes les têtes. Entre le club et les supporters, c’est l’union sacrée. Douze mois plus tard, les Merlus fêtent directement leur retour en D2. Place au début des années « yo-yo ».
Chaque année, la plupart des postes sont renforcés afin de garder une équipe compétitive. Mais les recrues ne restent généralement pas très longtemps. Est alors venu le temps de l’instabilité. Entraîneurs et présidents n’y font pas exception. Après la première descente en D3, Christian Gourcuff quitte le navire. C’est Michel Le Calloch qui est désigné pour reprendre le flambeau. Mais celui-ci ne reste que deux ans et cède sa place à Alain Thiboult en 1990. Le bilan est exactement le même : une montée en D2 puis une descente en D3, avant de laisser les clefs à Patrick Le Pollotec qui, lui, ne reste qu’un an. Dans les bureaux, Pierre Eveno succède à Jean-Maurice Besnard en 1989. Mais pas pour longtemps. Car dès le début des années 1990, les finances sont au rouge. Le club se retrouve alors placé en redressement judiciaire.
Le retour salutaire du duo Glain–Guénoum est un tournant dans l’histoire du FCL. Entre 1990 et 1991, les deux hommes d’affaire sauvent le club d’un dépôt de bilan certain, aidés par Loïc Guillemoto et Yves Boutet. Il ne manque qu’un seul homme pour compléter le casting du FC Lorient nouvelle version : Christian Gourcuff. Egalement revenu en 1991, il n’a aucun mal à reprendre ses marques puisqu’il fait monter les siens en D2 dès sa première saison. Mais le miracle n’opère pas totalement non plus. Dès l’année suivante, le club retombe en D3. Comme d’habitude. Encore un peu de patience…
A l’issue de la saison 1993-1994, Lorient ne termine que 4ème en National. Il faut alors attendre un soir de printemps 1995, sur le terrain d’Epinal, pour qu’un véritable tournant s’opère. Les Tango et Noirs, emmenés par leur goléador Bernard Bouger, décrochent le titre de Champion de National. Les Lorientais ne le savent pas encore mais cette fois-ci, c’est la bonne.
Le milieu des années 1990 voit aussi l’explosion de quelques joueurs arrivés au club très jeunes. Si Jocelyn Gourvennec n’est pas resté très longtemps, les Gilles Kerhuiel, Christophe Le Roux, Stéphane Le Garrec ou encore Yves Bouger (frère de Bernard) représentent l’ADN tango et noir. Originaires du coin, ils représentent la fierté de toute une ville, en prenant peu à peu une importance considérable dans le système de jeu prôné par Gourcuff. Avec une stabilité retrouvée, les Merlus parviennent enfin à se maintenir en D2 au terme de deux saisons consécutives.
En 1996, Guénoum désigne l’ancien joueur Louis Le Gallo pour lui succéder à la présidence. Un choix logique puisque c’est lui qui était allé défendre le dossier du FC Lorient au siège de la FFF un an plus tôt dans l’optique d’acquérir le statut professionnel. Autant dire que ses ambitions pour le club sont importantes. Pour autant, lorsque démarre la saison 1997-1998, personne n’aurait vraiment parié sur un tel dénouement. Leader dès l’automne, Lorient engrange des succès de prestige et séduit tous les observateurs de la D2. L’osmose unique qui règne dans l’équipe débouche sur une accession surprise dans l’élite. Parmi les héros, Stéphane Pédron, Ali Bouafia, Robert Malm, Christophe Le Grix, Nicolas Cloarec, Sylvain Ripoll ou encore Philippe Schuth deviennent à jamais les premiers lorientais à monter en D1.
20 – En l’espace de 26 ans, c’est le nombre cumulé de montées et de descentes vécues par le club entre 1976 et 2002. Une instabilité à toute épreuve.
28 – C’est le nombre de buts inscrits en championnat par Bernard Bouger lors de la saison 1994-1995. C’est la troisième meilleure performance de ces 30 dernières années en National, derrière Grégory Thil en 2007 et Dominique Corroyer… qui le prive du titre de meilleur buteur en 1995.
« Bonjour la D1 ». Dès son entrée en matière contre Monaco (1-2), le Moustoir bascule dans un nouveau monde. N’étant pas tout à fait préparé à un tel changement, le FC Lorient doit composer avec des infrastructures réduites malgré un nombre de spectateurs qui explose. Rapidement, les vestiaires passent de la tribune d’honneur à la tribune présidentielle et un nouveau projet d’agrandissement du stade émerge. Sur le terrain, le FCL se bat dignement et empoche quelques victoires de prestige. Mais le dénouement de sa saison est cruel. Les hommes de Christian Gourcuff sont relégués pour un seul petit but…
Le retour sur terre est compliqué. Dans l’espoir de professionnaliser davantage le club, Noël Couëdel succède à Louis Le Gallo. Mais la transition est douloureuse. Au sein de l’administration, les querelles et les soucis financiers parasitent le club. A tel point que le FCL passe tout près d’un nouveau redressement judiciaire. Sportivement, il se sauve et évite la chute libre. Il faut dire que l’effectif regorge de talents. Dès l’intersaison, Seydou Keita et Eli Kroupi débarquent dans la ville aux cinq ports. Avec Jean-Claude Darcheville, Ulrich Le Pen et Antony Gauvin, tous arrivés un an plus tôt, les Lorientais relèvent la tête et remontent dans l’élite seulement deux ans après l’avoir quitté. Cette fois-ci, ce sera sans Gourcuff, parti à Rennes. Angel Marcos le remplace.
Dans le but cette fois-ci de se maintenir, le FC Lorient enregistre près d’une quinzaine d’arrivées. Plusieurs jeunes joueurs viennent apporter leur expérience d’un grand club, à l’image de Pascal Feindouno, Jacques Abardonado, Tchiressoua Guel ou encore Richard Martini. Mais ce n’est toujours pas suffisant pour le maintien. Pourtant, le FCL dispose de la 4ème meilleure attaque du championnat ! Fait extrêmement rare à Lorient, le nouvel entraîneur quitte le club en cours de saison. Il laisse la place au Morlaisien Yvon Pouliquen.
Paradoxalement, en 2002, les Merlus sont totalement survoltés dans les deux coupes nationales. Après avoir foulé la pelouse du Stade de France pour la première fois de son histoire en finale de la Coupe de la Ligue, lors de laquelle Bordeaux s’impose logiquement (0-3), la marée tango et noire envahit de nouveau la capitale trois semaines plus tard à l’occasion de la finale de la Coupe de France contre Bastia. Darcheville, déjà auteur de 19 buts en 34 journées de championnat, devient le héros de tout un peuple en inscrivant le seul but du match (1-0) et en permettant au FC Lorient de décrocher son premier grand trophée.
Après la brève parenthèse du Trophée des champions, perdu contre Lyon (1-5), ainsi que du premier tour préliminaire de la Coupe UEFA, ponctuée d’une élimination sur le fil à cause du but encaissé à domicile (0-2 / 3-1), le FCL doit repartir en L2 avec l’objectif de remonter immédiatement. Les Morbihannais ne sont pas loin de remporter leur pari mais ils terminent 4ème. Bis repetita douze mois plus tard ! Malgré le retour de Christian Gourcuff sur le banc, les Merlus bouclent l’exercice 2003–2004 au pied du podium. Une véritable malédiction…
Si la saison suivante fait figure de transition, avec une faible 10ème place de L2, les prémices de la montée ne sont pourtant pas loin. Un véritable noyau se forme autour des Fabien Audard, Benjamin Genton, Jérémy Morel, Stéphane Pédron, Karim Ziani ou encore Bakari Koné, meilleur buteur de L2 avec 24 réalisations. L’année suivante, la bande à Gourcuff ne déçoit pas. Lorient termine 3ème de toute justesse, grâce à un goal-average légèrement favorable. Pour la troisième fois en moins de dix ans, le FC Lorient s’apprête à rejoindre l’élite. Son statut a définitivement changé.
4 – C’est le nombre de points qui sépare le FC Lorient des places européennes en 1998-1999, malgré sa relégation en D2 lors de sa première expérience dans l’élite.
15 – Comme l’incroyable total de buts inscrits au cours de la double confrontation entre Lorient et Guingamp lors de la saison 2001-2002 en D1. Si au Moustoir, les Lorientais ont établi leur record du nombre de buts marqués dans un match de D1 (6-2), la manche retour a légèrement tourné à l’avantage des Costarmoricains (4-3).
Si le FC Lorient a déjà côtoyé la L1 à deux reprises dans son histoire, il n’est jamais parvenu à s’y maintenir. Le défi est donc immense pour les Merlus à l’orée de la saison 2006–2007. Malgré le départ de certains éléments majeurs de l’effectif, le FCL peut compter sur un recrutement intelligent au cours duquel débarquent les futurs maillons forts des saisons à venir : Rafik Saïfi, Christophe Jallet, Fabrice Abriel, Michaël Ciani, Yazid Mansouri ou encore Ulrich Le Pen, qui fait son retour après une pige en Angleterre. Si l’équipe reste fidèle aux principes de jeu de son coach emblématique, sa solide défense lui permet de compenser les quelques trous d’air offensifs, notamment lors des deux mois de disette vécus entre février et mars. Pourtant, c’est bien un attaquant, André-Pierre Gignac, qui commence à se faire un nom en L1. 14ème du championnat, les Lorientais acquièrent leur premier maintien dans l’élite.
Pour un promu, l’année de la confirmation est réputée comme étant la plus difficile. Mais pas pour les hommes de Gourcuff qui jouent le tube de l’été. Invaincus au terme d’un début de calendrier pourtant titanesque (Lille, Monaco, Paris SG, Lyon, Bordeaux), les Lorientais rentrent peu à peu dans le rang mais terminent pour la première fois de leur histoire dans le top 10 de la L1. Un exploit répété un an plus tard, preuve d’une stabilité déconcertante. Au même moment, le président Alain Le Roch cède sa place à Loïc Féry. Au-delà des ambitions sportives, l’envie de se structurer sur le long terme confirme le changement de statut opéré depuis quelques années. Le FCL est désormais un club reconnu en France.
La nouvelle décennie s’ouvre alors sur plusieurs changements majeurs. Le Stade du Moustoir est désormais conforme au standing de son club résidant, avec la construction du virage sud permettant enfin à l’enceinte de disposer de ses quatre tribunes. Mais le FC Lorient est aussi précurseur. En août 2010, il devient l’un des deux premiers clubs français de l’histoire (en même temps que l’AS Nancy) à se doter d’une pelouse synthétique. Enfin, c’est également l’écusson qui fait peau neuve. Plus moderne mais plus fourni, il reprend les couleurs tango et noires et le merlu chers à l’identité lorientaise, tout en y intégrant l’année de création du club ainsi que le fameux Gwenn-ha-Du.
Au-delà de son image et des infrastructures, l’admiration que suscite le club morbihannais se trouve avant tout dans le jeu produit sur le terrain. Près d’un quart de siècle après son premier passage dans la ville aux cinq ports, Christian Gourcuff, adoubé par tous les observateurs du football, assiste à la consécration de son œuvre. D’autant plus que cette fois, il profite de moyens plus importants pour mettre en pratique ses idées de jeu. Tour à tour, les internationaux français Kevin Gameiro, Morgan Amalfitano et Laurent Koscielny explosent sous le maillot tango et noir. Un savant mélange entre les fidèles briscards Fabien Audard, Oscar Ewolo et Sylvain Marchal s’opère avec les artistes Yann Jouffre ou encore Marama Vahirua. L’équilibre est parfait. Il conduit à la meilleure saison de l’histoire du club en 2009–2010, avec l’acquisition d’une 7ème place de L1. Pour la première fois, le FCL s’insère parmi les candidats à l’Europe.
Néanmoins, l’équipe paraît encore assez juste pour tenir la cadence sur une saison entière. Le rêve européen est encore difficile à réaliser via le championnat. 11ème en 2011, le maintien ne semble plus trop poser de questions. Alors, c’est à travers les coupes que les Merlus connaissent le grand frisson. Déjà demi-finalistes malheureux de la Coupe de la Ligue en 2010 (1-4 contre Bordeaux), ils rééditent le même parcours deux ans plus tard. Opposé à l’ogre lyonnais, les Lorientais mènent 2-0 et sont tous proches de retrouver le Stade de France dix ans après… avant de se faire égaliser à la dernière minute et de perdre tous leurs moyens dans les prolongations (2-4).
Après s’être fait légèrement peur la même année, avec une sévère 17ème place au classement, les Merlus retrouvent leur standing en championnat et terminent 8ème à la fin de l’exercice 2012–2013. Car la plus grande réussite du FC Lorient se trouve dans sa faculté à rebondir. Malgré les départs nombreux au sein de l’effectif, il poursuit sa route et continue à hausser son niveau. Les stars d’hier ont pris un autre chemin ? Pas de problème. Elles sont remplacées par les Jérémie Aliadière, Kevin Monnet-Paquet, Bruno Ecuele Manga. Plus que jamais, le FCL se permet de rêver…
11 – C’est le nombre de matchs faisant partie de la série d’invincibilité réalisée par le FCL durant 3 mois, entre le 12 février et le 11 mai 2011. Son record en L1.
354 – C’est le nombre de matchs disputés sous la tunique des Merlus par le recordman Fabien Audard, entre 2002 et 2015.
Conscient que la stabilisation du club passe par une modernisation totale des infrastructures, le FC Lorient se dote de nouvelles installations s’étalant sur douze hectares au sein du village de Kerlir. Au terme d’un projet ayant vu le jour dès la fin des années 2000, le nouvel Espace FCL est inauguré en 2013. Il regroupe plusieurs centres d’entraînements, des bureaux administratifs, un hébergement ou encore des salles de classe. Si les moyens mis à disposition pour le groupe professionnel sont multipliés, ils le sont d’autant plus pour les catégories de jeunes. Avec le développement du centre de formation, le FCL affiche son ambition de se pérenniser en L1, à travers une attractivité renforcée, une certaine stabilité économique et la transmission de ses idées de jeu dès le plus jeune âge.
Pour l’équipe première, la saison 2013–2014 s’inscrit dans la lignée des précédentes. Bénéficiant des arrivées de Raphaël Guerreiro et de Vincent Aboubakar, les Merlus atteignent le top 8 pour la deuxième fois consécutive. L’intersaison marque un tournant dans l’histoire du club. Après 25 ans de services répartis sur ses trois passages au club, Christian Gourcuff tourne définitivement la page. Qui de mieux pour le remplacer que Sylvain Ripoll, son fidèle adjoint depuis plus d’une décennie ? Adepte de la philosophie de jeu prônée par son mentor, le nouveau coach assure la succession en validant deux maintiens successifs en 2015 et 2016. Mais la transition se déroule aussi sur le terrain. Tour à tour, les emblématiques Arnaud Le Lan, Jérémie Aliadière, Kévin Monnet-Paquet, Bruno Ecuele Manga et Fabien Audard quittent le navire. C’est la fin d’une ère.
Habitués aux fins de saisons sans grand enjeu, les Lorientais enchaînent les montagnes russes en 2017. Après le départ de Ripoll en cours de saison, c’est Bernard Casoni qui prend le relais. Entre la 2ème et la 33ème journée, le FCL est relégable à 31 reprises… avant d’émerger miraculeusement au mois d’avril. Alors que le plus dur est fait, le sort s’acharne sur les Merlus qui retombent à la place de barragiste dans les derniers instants de la dernière journée. Or pour ne rien arranger, c’est encore à l’ultime minute du barrage aller, contre Troyes, que Lorient encaisse le but décisif le reléguant en L2. Incapable de faire basculer la donne au match retour, il met un terme à onze saisons d’affilées parmi l’élite.
Pour relever le défi d’une remontée rapide, le poste d’entraîneur est confié à l’ancien gardien emblématique Mickaël Landreau, joueur le plus capé de l’histoire de la L1. 7ème en 2018 puis 6ème en 2019, les Merlus échouent deux fois de suite à seulement quelques points d’une place en play-off. Il faut attendre l’arrivée de Christophe Pélissier aux commandes de l’équipe, au début de la troisième saison en L2, pour réaliser une saison d’anthologie. Avec un effectif composé de joueurs bretons, tels que Pierre-Yves Hamel, Fabien Lemoine et Vincent Le Goff, et de joueurs de caractères, à l’image de Laurent Abergel, Julien Laporte et Yoane Wissa, l’équipe tango et noire ne quitte qu’une seule fois les deux premières places, synonymes de montées, tout au long de l’exercice. Alors que le FCL est leader du championnat au terme de la 28ème journée, il est directement promu en L1 à la suite de l’arrêt immédiat de la saison lié à la pandémie de Covid-19.
De retour dans l’élite, le FC Lorient frise constamment avec la zone rouge. D’abord lors de la saison 2020–2021, au cours de laquelle les Lorientais, après avoir été bons derniers, se relancent en battant miraculeusement Dijon (3-2) puis Paris SG (3-2) au mois de janvier. A force de courage et d’abnégation, ils obtiennent une 16ème place en fin de saison. Si la difficulté est similaire la saison qui suit, le dénouement est tout aussi heureux. Relégable à la trêve, le FCL s’en sort une nouvelle fois en finissant 16ème.
Contre toute attente, l’exercice 2022–2023 est celui de toutes les surprises. Car avec le nouvel entraîneur Régis Le Bris, Lorient déjoue tous les pronostics. Régulièrement bien placée pour disputer une place qualificative en Coupe d’Europe, la formation emmenée par le jeune espoir Enzo Le Fée rentre peu à peu dans le rang lors de la phase retour. Mais elle ne quitte quasiment jamais le top 10 et valide aisément son maintien. Le calme avant la tempête. Car un an plus tard, le FC Lorient connaît la quatrième relégation en L2 de son histoire. Comble du destin, il ne manque qu’un seul but aux Lorientais sur toute la saison… comme c’était déjà le cas 26 ans plus tôt.
Mais l’histoire, faite de succès et d’échecs, a montré à maintes reprises qu’avec son sens de la solidarité, du travail et de ses convictions, le FCL parvenait toujours à rebondir. C’est alors avec plein d’espoir et d’abnégation que celui-ci se plonge dans la saison 2024–2025…
3 – En 2022-2023, Montassar Talbi devient le troisième joueur dans l’histoire du FCL à disputer l’intégralité des matchs de L1 sur une saison entière. Il succède à Fabien Audard en 2007-2008 et à Fabrice Abriel, par deux fois, en 2006-2007 et 2007-2008. Mention honorable à Morgan Amalfitano qui n’a été remplaçant que 5 minutes lors de l’exercice 2010-2011.
30 – C’est le nombre de points empochés sur la phase retour de la saison 2020-2021, alors que le FCL n’en avait pris que 12 sur la phase aller. Un record pour un club de L1 relégable à la trêve.