Cette saison en collaboration avec notre parrain officiel Actual, 5ème acteur sur le marché du travail et de l’emploi en France, nous allons partir à la rencontre d’anciens joueurs du club qui ont effectué une reconversion hors du milieu du football. Pour ce huitième épisode, nous avons échangé avec Morgan Amalfitano. L’ancien milieu offensif des Merlus revient petit à petit dans le milieu du football après une coupure de plusieurs saisons en-dehors du rectangle vert. Entretien.
Morgan, comment vas-tu ?
Tout va bien. Je vis aujourd’hui chez moi à La Roquette, près de Mougins. J’ai arrêté il y a six ans, j’ai donc connu un grand changement, comme pour tous les footballeurs qui mettent un terme à leur carrière. Mais j’ai de quoi m’occuper avec les miens aujourd’hui puisque nous sommes une grande famille avec mes trois enfants notamment. C’est important. C’était aussi une des raisons pour lesquelles j’avais décidé d’arrêter ma carrière. Je ressentais le besoin de me stabiliser pour les enfants car ils commençaient à grandir.
Quelles sont tes occupations aujourd’hui ?
Je passe quelques diplômes dans le foot (UEFA Certification in Football Management et d’entraîneur) après avoir coupé plusieurs saisons. Je m’y remets tranquillement et après on verra si des choses doivent se présenter par la suite. Tu peux devenir directeur sportif sans passer de diplôme mais je trouvais que c’était enrichissant plutôt de le faire. Malgré que l’on ait été joueur de haut niveau, on ne nous ouvrait pas forcément les portes ou on n’était pas aussi demandeurs de cela pour connaître les différents secteurs d’un club. C’est pourtant intéressant de connaître le fonctionnement, les stratégies des structures dans lesquelles nous sommes passés. Je passe aussi un diplôme d’entraîneur pour ajouter une corde à mon arc et voir ce qui me plait le plus. J’en avais discuté avec Laurent Koscielny à Cannes, en janvier dernier, sur ce double cursus. Ça me permet de m’ouvrir à plusieurs horizons, opportunités.
Durant cette coupure, avais-tu mis le football de côté ?
J’avais déconnecté, je le suivais moins. C’était un besoin inconscient, naturel. Malgré tout, on suit toujours les clubs dans lesquels on a évolué. Pour ma part, j’aime particulièrement la Premier League. C’est un championnat dans lequel j’ai eu la chance d’évoluer (West Bromwich Albion puis West Ham) et que j’ai toujours aimé regarder, notamment pour l’intensité. Obligatoirement, un jour où l’autre, on se reconnecte aux choses qui nous ont plu, le jeu, les joueurs, pour rester à la page.
Avant ce retrait de quelques années, tu as exercé la fonction de Directeur sportif à l’Etoile FC Fréjus Saint-Raphaël. Peux-tu nous raconter cet épisode ?
L’occasion s’était présentée un an après la fin de ma carrière à Rennes. Cela me permettait de rester près de chez moi et de conserver une certaine stabilité pour les enfants. Je l’ai saisie, mais sans prétention, à un niveau différent que j’avais connu joueur. Ce n’était pas toujours évident d’être en corrélation avec ce qui se faisait au niveau amateur. J’y suis donc resté une année et après j’ai coupé quelques temps pour me consacrer aux miens et à certains projets.
De quels projets parles-tu ?
Pendant quelques temps, j’ai changé de direction et ai fait des choses qui me plaisait, notamment dans la construction immobilière. Pour moi, pour de la location, c’était assez varié. Je me suis occupé de mes investissements en quelques sortes. C’est important pour la transition entre notre vie de footballeur et celle d’après. Pour assurer nos arrières. J’avais ressenti le besoin de faire ce break. Malgré tout, il fallait être l’affût dans ce milieu là aussi, qui n’est pas évident. J’ai fait cela pendant quelques temps. Ensuite, comme je l’ai dit précédemment, il y a des choses qui nous ramènent à notre ancienne vie de footballeur d’où mes diplômes actuels.
On te voit très actif sportivement parlant sur tes réseaux. Était-ce aussi un besoin aujourd’hui ?
J’ai beaucoup de followers sur Instagram alors que je l’ai ouvert il y a très peu de temps (rires). Pendant ma carrière, ce n’est pas ce qui me plaisait le plus. Je l’ai fait par rapport à ma grande, qui était dessus, du coup je voulais voir ce que ça donnait. Je ne suis pas un adepte des réseaux ni le plus actif. Pour en revenir au sport, dès que j’ai arrêté, je suis resté très actif sinon on a un déséquilibre total en termes d’entraînement. Que ce soit mentalement et physiquement, j’ai toujours voulu garder le cap. J’ai ce besoin de m’entraîner entre trois et cinq fois par semaine. J’alterne selon les périodes entre le padel, la boxe, la course à pied et le vélo de route depuis peu…J’essaye de trouver les sports qui me permettent de ne pas trop m’user par rapport à la carrière passée et ne pas se retrouver « arthrosé ». Je m’entretiens avec un peu de renforcement musculaire aussi pour vieillir de la meilleure des façons. C’est primordial pour la tête.
Une certaine évasion avec la nature ?
Oui, avec le vélo et le trail. Ça me permet de découvrir ou redécouvrir mon coin, ma région en allant dans l’arrière-pays ou en bord de mer dans de superbes villages que j’ai pu connaître étant enfant. Le padel, depuis trois-quatre ans, tout le monde s’y est mis. C’est assez addictif, il y a des échanges sociaux. Il a remplacé le golf en quelques sortes. Grâce au padel, j’ai le sentiment de conserver mon état d’esprit de compétiteur, j’aime ça. Et quand j’ai arrêté le football, je m’étais surtout axé sur la boxe. Je souhaitais bénéficier d’un entraînement dur pour que la transition soit plus légère.
Quand tu regardes dans le rétro, quel bilan tires-tu de ta carrière ?
J’ai dû m’expatrier loin de Cannes, mon club formateur, pour m’endurcir. Et je pense m’être bien forgé. D’une manière générale, j’ai gravi les échelons, fait de mon mieux en donnant tout. Avec les qualités et les défauts que je pouvais avoir. Avec du recul, quand tu raccroches, tu as un regard différent sur certaines choses car l’approche n’est pas la même. En tout cas, je n’ai aucun regret et ai pris beaucoup de plaisir. C’est une chance d’avoir pu vivre ces expériences, avec tout le travail qui va avec. Vivre de sa passion, c’est magnifique. J’ai pris un réel plaisir à évoluer au sein des clubs dans lesquels je suis passé, chacun à leur niveau, leur envergure. Je suis très fier aussi d’avoir pu évoluer avec l’équipe de France. J’aurais peut-être pu faire plus pour y rester mais c’était mon destin. J’en suis heureux. Avoir pu vivre cela pendant seize années, avec ma famille, c’est beaucoup de bonheur.
Tu as fait trois saisons à Lorient (121 matches, 15 buts, 23 passes décisives). Que retiens-tu de ces saisons ?
C’était une transition de Sedan à Lorient qui pouvait ne pas payer de mine. J’avais sans doute le choix parmi d’autres clubs plus réputés à ce moment-là de ma carrière. Finalement, dans ma progression, ce fut un très bon choix initié par un très bon entretien avec Christian Gourcuff à la base, pour poser les conditions de jeu. Dans mon profil, j’ai appris énormément au FC Lorient. Ça été trois saisons en perpétuelle progression avec mes coéquipiers de l’époque. On a su développer un jeu que l’on n’a pas forcément réussi à reproduire dans nos carrières respectives par la suite. On se trouvait les yeux fermés. Chacun avait pu se mettre en valeur avant d’aller plus haut ensuite. J’ai vécu trois années superbes, en termes de jeu, et appris une identité sur laquelle je vais me baser pour transmettre par la suite.
Est-ce au FC Lorient que tu as franchi un cap ou connu une véritable progression ?
Quand j’arrivais dans un nouveau club, je ne me posais pas trop de questions car je savais ce que je voulais. A Lorient, j’ai su que j’avais le niveau et je l’ai pérennisé ensuite. C’est ce qui m’a permis d’aspirer à autres choses. Ce fut la même chose à Sedan, à Marseille mais à un palier différent. Tu arrives par la petite porte mais tu dois t’imposer. C’est dans mon ADN. On ne fait pas tout bien mais tant que l’on donne tout ce que l’on peut, on n’a rien à se reprocher.
Nous nous rendons à Grenoble ce week-end. Au stade des Alpes, tu avais inscrit un but d’une quarantaine de mètres (le 4 avril 2009, victoire 3-1). Peux-tu nous le décrire et nous dire ce qui t’a poussé à tenter cette frappe ?
C’est ma première saison et nous étions en milieu de tableau. Je me fondais dans l’équipe, je m’étais imposé, j’étais en confiance, et il me semble que je jouais au poste dans lequel j’étais venu. Je ne me suis pas trop posé de question. J’ai tenté et ça a fonctionné. Je n’étais pas un neuf ni un buteur, je ne marquais pas 15 buts par saison mais de temps en temps j’avais quelques inspirations pas trop mal dont celle-là. Ce but reste gravé car il est superbe. C’était une sensation sympa car j’étais allé célébrer avec les coéquipiers, dont Hamed Namouchi il me semble, le staff…On joue au foot pour vivre ces sensations. Mais Yoann Gourcuff me « vole » le plus beau but de la saison 2008-2009 grâce au sien face au Paris SG avec Bordeaux (rires)…Il l’avait bien mérité aussi.
Que pouvons-nous te souhaiter pour la suite ?
Tant que l’on est bien dans sa tête, que l’on a la santé, c’est le plus important. Il faut profiter de ces instants-là. Je ne me projette jamais trop. Je ferai les choses par plaisir. Pourquoi pas réaliser des choses dans le foot. Si je peux transmettre ce que j’ai vécu et véhiculer des valeurs que j’ai pu acquérir en terme de football, notamment à Lorient alors…