6 Avr 2024 | Actualités

Nicolas Esceth-N’zi, la vie paisible dans le Var

A l’occasion de la rencontre Montpellier HSC – FC Lorient de ce week-end, nous avons souhaité prendre des nouvelles d’un ancien joueur passé par les deux clubs. A savoir Nicolas Esceth-N’zi. Le milieu de terrain offensif, passé au FC Lorient de 2001 à 2004, revient sur ses années dans le Morbihan, dans l’Hérault et évoque aussi ses occupations actuelles. Entretien.

Nicolas, comment allez-vous ?
Tout va bien, je vis sur Saint-Raphaël, dans le sud de la France. Je m’y suis installé il y a 15 ans après mes années à Montpellier. Je travaille aujourd’hui avec un ami, dans une société de presse, où nous vendons le Var Matin. A côté de cela, j’entraîne les jeunes, je suis dans la préformation. Auparavant, j’étais à l’Étoile Saint-Raphaël et depuis cette année je suis à Draguignan. Je m’occupe des U11 mais possible que la saison prochaine, je sois en charge de plusieurs catégories. On est en train d’en discuter.

    Garder un lien avec le monde du foot était un objectif pour vous ?
    Non, cela s’est fait par hasard. Au début, j’emmenais mon fils au foot, à l’Étoile, et vu que les gens savaient qui j’étais, ils m’ont demandé si je ne voulais pas intégrer le club. Comme je n’étais pas forcément satisfait de ce que je voyais, j’ai dit oui. Je l’ai suivi pendant trois ans et j’y ai pris goût. Plus tard, je ne voulais plus entraîner mon fils, pour qu’il fasse sa vie. Je me suis donc occupé des U14 et de la section sport-études à l’Étoile. Je préfère rester auprès des jeunes, les adultes ne me branchent pas du tout. Je préfère former plutôt que de me prendre la tête à avoir des résultats. C’est un autre métier.

    Êtes-vous confronté aux parents qui sont de plus en plus omniprésents ?
    La chance que j’aie, c’est que j’ai la légitimité. On est obligé d’en jouer un peu. Je me sers de mon passé pour éviter ce genre de souci. En règle générale, les gens sont contents de voir leur enfant être entraîné par un ancien professionnel. Mais attention, il n’y a pas que les parents dans le monde amateur…Certains ont des responsabilités dans des clubs et c’est compliqué…

    Avez-vous passé des diplômes ?
    En tant qu’ancien joueur, on peut arriver au BEF mais je ne me suis pas embêté avec cela. Je ne fais pas ça pour m’enrichir. J’aime vraiment les jeunes, c’est très passionnant de les voir progresser et de les amener différemment dans le football. On est là pour apprendre. Ensuite, si vous avez de la qualité, vous irez dans un centre.

    Transmettez-vous ce que vous avez appris en formation ou lors de vos années professionnelles ?
    Un peu de tout. Même si je ne me suis pas trop entendu avec lui, j’aimais beaucoup l’école Gourcuff : le jeu, les passes, la réflexion…Le foot, ce n’est pas que les muscles, il faut savoir aussi utiliser sa tête. Si on a compris les choses avant l’adversaire, on a quelque chose en plus. Je préfère le ballon, les mouvements, la coordination…Je mets en place des jeux à thèmes. A l’Etoile, nous étions très dominants. Par exemple, quand nous menions 3-0, les jeunes savaient qu’on aller attaquer un jeu à thème, comme une passe à 10 mais grandeur nature.

    Pour en revenir à votre activité professionnelle d’aujourd’hui, en consiste-t-elle ?
    La société gère tout le Var pour la distribution du Var Matin, le quotidien local. Nous sommes une centrale locale et on distribue dans les kiosques, les bars-tabac, les grandes surfaces…On a des porteurs aussi pour les particuliers, nos abonnés. Var Matin nous envoie les journaux et on les dispatche dans le département. Toute la nuit, nous avons des livreurs qui tournent avec des camions dans tout le département. Je gère les commandes, les invendus. J’ai un travail de rêve d’un point de vue horaires. Après, il faut que ça dure.

    Quel parcours vous a mené à cette fonction ?
    Grâce à un couple que je connaissais. Ils cherchaient quelqu’un pour les aider. Cela m’a plu dans le sens où cela me permettait d’avoir mes après-midis. Je peux ainsi continuer à entraîner les jeunes.

    Quand vous étiez joueur, la partie médiatique vous intéressait-elle ?
    Mon fils me dit souvent qu’on ne me voyait pas dans les médias à l’époque. Je ne me mettais jamais devant les caméras, contrairement à d’autres qui aimaient ça. Je n’étais pas trop fan de ça. Avec du recul, aujourd’hui, je me dis que c’était dommage. J’ai toujours été un peu bizarre. Par exemple, je ne savais pas forcément contre qui on jouait le week-end suivant. Je vivais au jour le jour. J’aimais jouer au foot mais je ne prenais pas conscience qu’il fallait un peu plus s’impliquer. Je ne regardais pas H24 les résultats, les classements…

    Quel bilan tirez-vous de votre carrière ?
    Christian Gourcuff a déjà dit par le passé que les plus « branleurs » étaient les plus durs à gérer. Toutes les bêtises que l’on pouvait faire, je les ai faites. Aujourd’hui, j’essaye de dire aux jeunes qu’il faut travailler. J’étais un joueur talentueux mais je ne travaillais pas. Dans ce cas, vous jouez à Caen, Montpellier et Lorient, avec tout le respect que j’ai pour ces clubs…Si j’avais travaillé un peu plus, aurais-je fait une autre carrière ? On ne le saura jamais, mais je n’ai jamais grandi dans le travail. Je me contentais de ce que j’avais. Je n’ai pas de regrets puisque c’était dans ma nature. J’essaye d’inculquer cette notion aux jeunes aujourd’hui pour qu’ils s’impliquent plus que je ne l’ai fait.

    Vous avez notamment remporté la Coupe de la Ligue avec Gueugnon face au PSG en 2000…Quel souvenir en gardez-vous ?
    C’était génial. Je pense que c’est mon plus beau souvenir. J’y ai joué pendant six saisons, on était jeunes. C’est mon club numéro 1. J’étais d’ailleurs invité à Gueugnon le week-end passé pour un match de gala. Même si la Coupe de France est plus belle, je retiens surtout ce succès face au PSG. A Lorient, je l’ai gagnée dès ma première année chez les Merlus. Et vu que j’avais déjà gagné une coupe deux années plus tôt, paradoxalement, j’étais content mais pas ivre de joie. La première, c’est quelque chose. Habituellement, ce sont les grands joueurs et les grandes équipes qui remportent ces trophées. J’avais l’impression d’avoir fait un braquage avec Gueugnon et Lorient.

    Vous rejoignez le FC Lorient en 2001 avec un succès en Coupe de France en 2002. Que conservez-vous comme souvenirs de vos trois années lorientaises ?
    A Lorient, j’ai beaucoup d’amis. Ce que j’ai adoré, c’est le côté identitaire. J’aime bien les clubs avec une identité et à Lorient on représentait quelque chose : la Bretagne, les bignous…Il y a beaucoup plus de régionalisme qu’à l’époque, le club l’a développé. Mais rentrer sur le terrain et voir des femmes habillées en bigouden, c’était quelque chose. J’avais le sentiment d’appartenir à quelque chose et j’aimais beaucoup ça. Mais sentiment mitigé sur la saison 2001-2002 puisque nous descendons après la victoire en Coupe de France. Avec l’équipe que l’on avait, on ne devait jamais descendre. On était jeunes et bêtes. En étant plus sérieux, on ne descendait jamais.

    Durant votre carrière au FCL, vous connaissez aussi la sélection ivoirienne (1 sélection). Une fierté pour vous ?
    C’était top. J’ai plusieurs sélections mais certains matches amicaux n’étaient pas considérés comme des rencontres officielles. Nous avions joué par exemple face à l’Espanyol Barcelone. J’ai refusé pendant des années d’y aller puisque j’étais métisse, je ne me reconnaissais pas trop dans cette équipe. Et un moment, les joueurs ivoiriens m’ont appelé avec le sélectionneur pour me dire de les rejoindre, que j’avais pleinement ma place avec eux. J’y suis allé et très fier d’avoir pu représenter les Eléphants.

    En 2004, direction Montpellier…
    Oui, j’arrive là-bas après une année compliquée au FC Lorient. Avec Christian Gourcuff, ça ne se passe bien. Je devais aller à Metz en 2003 mais il n’a pas voulu. Le club me donnait même une prime pour rester. J’accepte mais en stage, ça ne se passe comme prévu. Le coach me met dans une chambre seule alors que moi je préfère partager des choses avec les copains. Je le prends mal et il est distant avec moi. Et sur le premier match de championnat, il me met sur le banc. Je le prends mal encore une fois. Il me convoque la semaine suivante et on s’engueule. Du coup, je n’ai pas joué un seul match de l’année. Au dernier match de la saison, il me dit que si je m’étais excusé…J’estimais que ce n’étais pas à moi de le faire. Je ne lui en veux pas. C’est comme ça. C’est un entraîneur qui a fait du bon travail. Il a de très bonnes idées. A Montpellier, j’arrive avec Robert Nouzaret. Il me fait confiance et tout se passe bien pour moi. Mais il se fait licencier et est remplacé par Jean-François Domergue. Je me blesse pendant quatre mois. Je reviens, je joue un peu en réserve puis il me fait jouer contre Monaco, et Guingamp. Un soir, il me laisse un message sur mon répondeur pour que l’on se voit avant un entraînement. Il me dit qu’il ne fera plus jouer. C’était un 31 janvier. Je n’avais plus que quelques heures pour trouver un autre club. Il ne me sentait pas et travaillait avec un gourou. C’était lunaire. Il me restait un an et demi de contrat. Je suis resté jusqu’au bout puis j’ai arrêté. J’aimais beaucoup Montpellier pourtant et Loulou Nicollin a toujours été adorable avec moi, la grande classe. Il ne m’a pas jeté aux orties quand j’étais dans le dur.

    Suivez-vous toujours l’actu de vos anciens clubs ?
    Je n’aime plus ce qu’il y a autour du foot. Ça critique tout le temps. Je ne supporte plus les critiques, on crée des polémiques, du buzz. Je regarde des matches mais sans les commentaires. Je suis mes anciens clubs et le PSG, étant parisien.

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