4 Déc 2016 | Actualités

Raphaël Guerreiro et ses derniers jours rêvés

Comment as-tu vécu ces quinze premiers jours de novembre ?

J’avais bien commencé ce mois en ouvrant la marque face au Paris SG, malheureusement nous ne l’avons pas emporté. Malgré tout, ça reste un bon souvenir car c’est mon premier but en Ligue 1 face à une très grosse équipe du championnat. Je l’attendais depuis un certain temps. Ce n’était pas un objectif primordial mais c’est toujours agréable de trouver le chemin des filets. Ça me donne de la confiance pour les prochains matches. Ensuite, face à Rennes, je pense avoir réalisé un bon match, toujours au poste de milieu gauche. Cette rencontre a confirmé les bonnes intentions du club malgré les résultats négatifs. Ce jour-là, je venais d’apprendre ma convocation avec l’équipe A du Portugal, j’étais au paradis avant le match. Je me suis d’abord concentré sur notre match. Après le match, malgré la défaite, qui m’a profondément déçue, j’étais toujours sur un nuage.

Etait-ce un poids pour toi de ne pas avoir marqué en Ligue 1 avant la réception du Paris SG ?

En tant que défenseur, je sais pertinemment que je ne suis pas amené à en marquer beaucoup. Je me suis quand même procuré quelques occasions depuis la saison dernière et j’avais cette idée en tête depuis quelques temps. Beaucoup de personnes m’ont taquiné sur ce sujet, notamment au sein du club, et du coup ça m’a permis de les faire taire (rires). Aujourd’hui, c’est à mon tour de les chambrer surtout après le but avec le Portugal. Ils me voient peut-être différemment maintenant. Je devrais être peut-être un peu plus décisif avec Lorient. Je ne me pose pas de questions et on verra ce qui se passera au fil des matches.


Guerreiro commente son but face au…

 

Face à Rennes tu avais également failli marquer…

Oui, c’est vrai, je ne suis pas loin d’ouvrir le score mais Benoît Costil sort bien le ballon. C’est un gardien formidable que je connais en dehors du football. Ça aurait été particulier de marquer contre lui. Il a stoppé ma frappe et je me concentre dorénavant sur la suite.

Pour revenir sur la sélection, comment as-tu appris ta convocation ?
C’est Eric Garcin qui me l’a appris lors du déjeuner avant le match face à Rennes. La liste n’était pas encore tombée officiellement il me semble. J’étais un peu secoué même si je m’y attendais un peu du fait des nombreux blessés à mon poste. Pauleta m’avait prévenu qu’il y avait une opportunité d’être appelé à ce moment de la saison. Quand on entend ça, on se dit que ce n’est pas possible et que ça ne va pas arriver. Une fois que c’est le cas, on a juste envie d’aller découvrir ce niveau.

Etait-ce un peu perturbant de l’apprendre un jour de match ?
Oui, c’est particulier, bien évidemment. Après, je me suis concentré à fond sur le match du soir car on avait besoin de points et la rencontre était importante pour le club. Je ne voulais pas focaliser ma concentration sur la sélection.

Pauleta est-il un de tes principaux relais avec la sélection ?

Oui, d’autant plus qu’il parle français. Il me met en confiance. C’est un joueur que j’ai adoré quand j’étais plus jeune. J’avais des posters de lui dans ma chambre. La star portugaise à ce moment-là, c’était lui. C’est quelque chose d’incroyable de pouvoir le fréquenter aujourd’hui. Quand il nous annonce des choses comme celle-là, on ne peut qu’avoir le sourire. Maintenant, je vais essayer de lui rendre la confiance qu’il m’a donnée car c’est aussi grâce à lui que j’ai été appelé avec les Espoirs portugais la saison dernière. Il a parlé à Rui Jorge, le sélectionneur des Espoirs, donc je le remercie infiniment. Sans lui, je ne serais sans doute pas avec les A aujourd’hui.

Comment s’est passée ton arrivée au rassemblement ? 

A l’aéroport, j’ai rencontré Anthony Lopes (le gardien de Lyon). Il m’a expliqué comment ça allait se passer et comment étaient les autres joueurs. Ça m’a rassuré car si j’étais le seul à parler français, je me serais senti exclu. Ce fut le cas avec les Espoirs au début. Au fil des regroupements et des matches, mon intégration s’est bien faite. J’ai fait l’effort d’aller vers eux. Cette fois-ci, avec les A, j’étais forcément un peu timide. J’ai côtoyé des grands joueurs que je ne regardais habituellement qu’à la télévision. Ils ont tous fait des efforts pour bien m’intégrer. Ils me parlaient en portugais et j’essayais de leur répondre du mieux possible. Si c’était trop compliqué, Anthony Lopes m’aidait pour la traduction. Adrien Silva parle aussi français. Je les en remercie car sans eux mon adaptation aurait pu être plus compliquée.

Est-ce que ces grands joueurs t’ont agréablement surpris ?

Oui, clairement. Ils ne se prennent pas du tout la tête. Ils ne sont pas arrogants comme peuvent le dire certains journaux. Dans le groupe, il n’y aucun souci. Ils m’ont tous tendu la main pour m’intégrer du mieux possible. Cristiano Ronaldo aussi. Ça fait bizarre de les côtoyer au départ mais ce sont des gens normaux comme nous, comme tout le monde. Il faut passer au-dessus de tout ça et se dire que ce sont tes coéquipiers. Tu te bats pour eux mais eux aussi se battent pour toi sur le terrain.

As-tu échangé un peu avec Cristiano Ronaldo notamment ?
J’aurais aimé lui demander plus de conseils. C’est compliqué quand tu ne parles pas très bien la langue. J’ai parlé un peu avec lui. Il m’a demandé où se situait Lorient (rires). On a discuté en toute simplicité.


Raphaël Guerreiro dans les bras de Quaresma après son but

Peut-on parler de progression fulgurante ?

C’est une belle progression. Quand j’ai débuté avec les professionnels à Caen il y a deux ans, Patrice Garande, l’entraîneur du SM Caen, m’avait dit que je ne débutais pas la saison pour être en concurrence avec les autres joueurs de mon poste. Au bout d’un moment, il m’a fait confiance et j’ai gagné ma place. Ça été très vite. Déjà signer à Lorient, en Ligue 1, et atteindre ce niveau en une saison, était déjà une très belle chose pour moi. Puis les Espoirs et maintenant les A, je vis un rêve. Je ne m’attendais pas à rejoindre la sélection aussi tôt. Maintenant, j’espère y retourner lors des prochains rassemblements.

Tu as débuté face à l’Arménie pour les éliminatoires de l’Euro 2016. Comment s’est passé ce match ?

Je me suis mis un peu de pression. C’était un match important pour le Portugal. Les gens nous attendaient car on n’a pas été spécialement bons ces derniers temps. On avait la pression. Pas que moi mais l’ensemble de l’équipe. Ça s’est ressenti durant le match. On a essayé de se rassurer en produisant du jeu. Cristiano marque un but qui fait du bien à tout le monde. Dans la tête, ça soulage un peu.

A ce moment-là, te dis-tu que tu as une carte à jouer pour l’Euro 2016 ?
Oui, je me dis que c’est peut-être la seule chance que je vais avoir car tous les autres sont blessés. Quand tu es reconnu par les grands joueurs, ça fait forcément plaisir. Pepe m’a dit qu’il a été surpris de ma prestation. C’est de bon augure pour la suite. Je dois me servir de ce que je viens de vivre pour être performant en club.

Le match face à l’Argentine était un peu la cerise sur le gâteau ?

C’est un rêve de pouvoir fouler la pelouse d’Old Trafford. Normalement, je ne devais pas jouer mais l’autre latéral gauche s’est blessé. Je voulais faire le maximum pour tenir le résultat dans un premier temps et éventuellement apporter un plus si nous avions des occasions. C’est ce que j’ai fait. Et ça a payé. J’ai réalisé un rêve en marquant contre l’Argentine. Affronter Di Maria, Aguero, Messi, c’est énorme.


Guerreiro commente son but en…

 

A l’issue de cette rencontre, tu as gagné des points auprès du sélectionneur national…

Oui, du moins je n’en ai pas perdu au vue de mon premier match et de ma seconde période face à l’Argentine d’autant plus que marque le but de la victoire. C’est important pour moi et ça me fait du bien au moral. Il va falloir confirmer avec Lorient pour gagner encore plus de points et gagner ma place dans cette sélection. Si je peux participer à l’Euro, je ne m’en priverais pas.

C’est ton gros objectif avec la sélection.

Oui, bien sûr, d’autant plus que l’Euro se joue en France. J’espère y être vraiment.

Quel a été le ressenti de ta famille ?

Elle était forcément fière de cette convocation avec les A. Quand je regardais les matches du Portugal avec mes parents, je ne m’imaginais pas jouer avec cette équipe un jour. C’est une énorme fierté pour toute ma famille. Après mon but, mes parents n’ont pas réussi à dormir de la nuit. Mon père a passé sa soirée sur Internet pour lire les articles et regarder les vidéos. Il était super heureux. J’aime bien entendre ça de la part de ma famille. Je suis très reconnaissant. J’ai fait le choix du Portugal pour moi et pour ma famille. C’est quelque chose d’important pour moi de porter ce maillot.

Dorénavant, il va falloir gérer une notoriété grandissante…

Oui, il s’est passé des choses et surtout garder les pieds sur terre. Je vais continuer à travailler pour encore m’améliorer. Quand on marque un but contre l’Argentine, les gens te découvrent. Ils ne me connaissaient pas avant. Je dois passer au-dessus de ça et rester concentré sur les prochains matches.

Suite à ce rassemblement et aux différents éléments positifs que tu as connu, peux-tu apporter quelque chose de positif au FC Lorient ?
Oui, j’espère lui apporter un plus. Je donne déjà mon maximum pour le club. Aujourd’hui, je suis en pleine confiance. Je vais en profiter au maximum. Je vais me donner à fond car le club a besoin que l’ensemble du groupe se transcende pour sortir de cette situation.

Comment abordes-tu le match de samedi contre Lens ?

C’est un match très important car ce sont deux équipes qui vont jouer le maintien cette saison. On a besoin de points. On reste sur de belles prestations mais sans prendre de points. C’est encourageant. On va essayer de s’améliorer pour remporter cette rencontre. Ce sera nécessaire également pour les matches suivants.

Penses-tu que la roue va tourner ?
Je l’espère depuis longtemps. On n’a plus le choix. Il faudra se montrer costauds et rigoureux pour remporter un maximum de points dans les rencontres qui arrivent.

 

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