13 Fév 2025 | Actualités

Rozenn, de Lorient à Mayotte pour la Croix Rouge

A travers nos lectures dans la Presse Quotidienne Régionale, nous sommes tombés sur un papier présentant Rozenn, bénévole à la Croix Rouge de Lorient, habillée d’un maillot des Merlus. De par son engagement pour l’association à Mayotte, suite au cyclone de janvier, et par son attachement au club, nous avons souhaité la connaître un peu plus et lui dédier une interview. Entretien.

Quand et comment avez-vous pris la décision de vous rendre sur place à Mayotte pour aider les gens qui y habitent?
Le cyclone est passé le 14 janvier. On a reçu un mail de la Croix Rouge pour un appel aux volontaires, le 18 janvier, quatre jours plus tard, j’étais au travail. Je n’ai pas tellement réfléchi et je me suis directement portée volontaire.

Qu’est ce qui vous a touché pour que votre décision soit prise aussi rapidement?
Je pense que c’est mon envie d’aider tout le temps. C’est d’ailleurs pour ça que je suis à la Croix Rouge. Ce n’est pas quelque chose que l’on m’a appris, ça ne vient pas de mon éducation. Si je peux aider quelqu’un, je le fais. Et en regardant les images de Mayotte à la télévision et voir que tout était ravagé, je ne me suis pas trop posée de question. Être volontaire là-bas était l’occasion pour moi d’aider des personnes qui en avaient vraiment besoin.

Cette décision n’était pas anodine. Mayotte ce n’est pas non plus la porte d’à côté, il a fallu s’organiser. Fallait-il un peu de souplesse de la part de votre employeur?
Mon employeur m’a dit que s’il avait pu, il serait parti lui aussi. Il m’a donc laissé y aller sans problème. Il a fait preuve de beaucoup de compréhension et d’empathie.

Et où travaillez-vous?
Je travaille chez Axione, c’est une entreprise d’aménageur numérique. On déploie les réseaux de fibre optique dans les zones blanches en Bretagne.

D’où vous vient cet engagement fort pour la Croix Rouge, l’envie d’aider ?
Oui, c’est ça. Ce qui est bien avec la Croix Rouge, c’est qu’on a l’occasion d’évoluer sur différents postes. Comme au Moustoir, j’ai vu des endroits du stade que peu de gens voient, je pense. C’est divers et varié, on y rencontre pleins de personnes, c’est très intéressant et nous avons des formations tout le temps.


Quelles étaient les conditions sur place quand vous êtes arrivée à Mayotte ?
Quand on est arrivés sur place, tout était dévasté, c’était effrayant. On aurait dit que l’apocalypse était passée par là. Nous n’avions pas d’eau potable, juste l’électricité. Nous n’avions pas vraiment de communication, les réseaux étaient tous par terre. Petit à petit, on a réussi à construire pas mal de choses. On n’avait pas beaucoup de matériel, c’est arrivé au fil de la mission. Nous avions très peu de véhicules mais au fur et à mesure, nous en trouvions. Un club de rugby nous a prêté un fourgon. Les gens savaient qu’on était dans le coin, il n’hésitaient pas à nous proposer un coup de main pour que nous puissions aller aider les autres. C’était assez dur au début. On a surtout fait une mise en place et une évaluation des besoins pour les missions suivantes de la Croix Rouge.

Du coup, ça allait au-delà de l’aspect médical?
Oui, on a fait aussi des recherches de personnes disparues, on a essayé de charger les téléphones des gens pour qu’ils puissent contacter leurs familles. Nous étions munis de téléphones pour les appels internationaux, pour que les résidents puissent dire à leurs familles que tout allait bien, qu’ils étaient en vie. On avait plein de petites missions comme ça. C’était vraiment de l’humanitaire dans toute sa globalité.

Des choses vous ont choquée ou surprise ?
Oui, quand on allait dans les bidonvilles, le nombre de gens malades, blessés, qui n’avaient pas à manger, pas à boire. Nous avons reçu le mail quatre jours après le passage du cyclone. Ça faisait donc déjà près d’une semaine que ces personnes attendaient de l’aide. Dans les bidonvilles, il y avait beaucoup d’enfants blessés ou malades. On avait du mal à se dire que nous étions en France.

Une fois sur place, votre engagement a pris tout son sens ?
On ne pense qu’à aider les gens et à faire bouger les choses. On oublie tous les soucis de notre vie quotidienne. Je ne suis pas sûre d’avoir pensé une seule fois à mon travail.

Vous étiez la seule à partir de l’antenne lorientaise ? Vous avez donc retrouvé des confrères de toute la France?
Oui, du Morbihan même. Il y avait des gens de toute la France et quelques bretons. On était une cinquantaine à partir. Plusieurs vagues se sont succédées par tranche de quinze jours. On ne peut pas faire plus d’une seule traite, c’est une loi sur le bénévolat.


Si vous en aviez l’opportunité, y retourneriez-vous ?
J’aimerais repartir sauf que nous ne sommes plus en état d’urgence, beaucoup d’associations sont arrivées depuis. Ça va se spécialiser un peu plus, ils vont chercher des chauffeurs poids lourds pour faire la logistique, des personnes spécialisées dans l’eau potable. Donc j’ai peu de chance de partir mais j’essaye quand même.

Quand vous étiez sur place, quelles ont été vos missions principales?
J’ai fait beaucoup de secourisme, des soins jusqu’au moment où on a réussi à trouver des ambulances. A partir de ce moment-là, c’est devenu plus intéressant car on a directement emmené les gens à l’hôpital.

Au bout de deux ans avec la Croix Rouge, participer à une mission comme celle-ci est loin d’être anodin
Oui, après j’ai eu une petite expérience dans des hôpitaux et pas mal de choses de ce genre. Ça m’aide pour les missions de la Croix Rouge. Nous avons surtout beaucoup de formations. Nous sommes prêts pour ce genre de choses, notamment pour les plans grand froid par chez nous.

Quelles sont vos missions en lien avec le FC Lorient ? Les maraudes et les jours de match ?
Les maraudes pas vraiment, c’est souvent en semaine. Mais au stade, oui. Nous sommes en inter-association avec la Croix de Malte et la Protection Civile. On fait une rotation à l’infirmerie ou sur les postes terrain, auprès des joueurs, ou tribunes, pour les spectateurs.

C’est donc un roulement sur trois matches ?
Oui, c’est ça. On est tous présents à chaque match mais on alterne. Il y a quelqu’un au poste radio, au PC sécurité. C’est un fonctionnement que l’on a depuis cette année. Ça nous permet de voir aussi comment travaillent les autres associations et avec quel matériel. Il y a une bonne entente dans les équipes. J’ai également pu faire la soirée “MA Pièce Auto” (salon d’un partenaire du club), où j’ai pu rentrer dans les coulisses du stade.

Et sur les jours de match, qu’est ce que vous avez appris, qu’est ce qui vous plaît particulièrement?
J’adore le foot et le FCL et ce, depuis toute petite. Quand on est en poste, on vit l’arrivée des joueurs aux premières loges, devant l’infirmerie. C’est toujours un grand moment. On arrive les premiers quand le Moustoir est vide, c’est génial. Le stade est magnifique, tout est propre. Sinon, l’entrée des joueurs sur le terrain est toujours un beau moment également et quand on gagne, c’est juste top. Supposément, on doit rester neutre, je vous avoue que j’ai un peu mal.


Veniez-vous au stade régulièrement aussi auparavant?
Oui, je venais avec mon père quand je devais avoir une dizaine d’années, c’était à l’époque des Darcheville et Kroupi… Je trouve qu’au stade du Moustoir, il y a toujours une ambiance familiale, avec beaucoup d’enfants. L’ambiance à Lorient est chaleureuse.

Quand vous êtes en poste en bord terrain, comment vivez-vous le match ?
Quand on est en équipe terrain, on est avec les médecins à côté des joueurs qui sont sur le banc. Nous sommes vraiment dans le match. Dès qu’un joueur est au sol, nous sommes attentifs et concentrés pour éventuellement intervenir avec un brancard. Heureusement ça n’arrive pas souvent. Mais pour moi, ça reste la meilleure place.

Vous pouvez aussi être en poste pour le public…
Oui, c’est ça. On intervient pour tout le monde : pour les gens qui tiennent les buvettes, les Corners du Moustoir, pour les supporters. A nous trois, on gère tout le monde de la même façon, il n’y a pas de distinctions entre les supporters.

Dans l’article du Ouest France, on vous a vu en photo avec un maillot du club
Beaucoup de Bretons se promènent avec des drapeaux un peu partout là où ils vont, moi je me promène avec mon maillot du FCL, c’est un peu mon drapeau. On a tous besoin d’un petit truc qui nous rappelle un peu la maison…

Avez-vous quelque chose dont vous voulez nous faire part ?
A Mayotte, ils jouent au foot aussi. Certaines fois, nous étions vraiment dans les débris, entourés de gens malades, puis d’un coup on voit une voiture logotée “OM” ou avec des autocollants du FC Nantes. Je suis sûr que quelque part là-bas, il y a des supporters du FC Lorient. Ces signes m’indiquaient que j’étais bien en France. Et au cours d’une mission, justement pour charger des téléphones, sur un petit terrain de foot, des enfants sont arrivés et on s’est fait une petite session de tirs aux buts. Ils rêvent tous d’être footballeurs.

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