Tristan Le Beller est devenu, la semaine dernière, champion du monde de foot-fauteuil. À 22 ans, le jeune lorientais remporte son deuxième titre mondial avec l’équipe de France. Entretien.
Tristan, tout d’abord félicitations pour ce second titre de champion du monde ! Quel est ton sentiment ?
C’est une très grande fierté de ramener ce titre de champion du monde à Lorient. Nous étions tenant de titre et avions donc une pression supplémentaire, mais nous avons fait le job pour conserver notre couronne.
Ce titre est différent. Lors de mon premier, je n’avais que seize ans. J’étais plein d’insouciance.
Cette année, on avait une équipe d’une plus grande qualité. La concurrence était forte donc j’ai du m’asseoir davantage sur le banc, me battre, aussi, pour garder ma place quand j’étais sur le terrain.
Comment s’est passé ce déplacement en Australie ?
On avait vingt heures d’avion pour s’y rendre. On était séparé en deux avions de quatre joueurs, avec notre matériel, nos aidants et le staff. On a eu une escale de quatre heures, à l’aéroport de Singapour, après un premier vol de sept heures. Puis douze heures supplémentaires pour rejoindre l’Australie. C’était vraiment fatiguant.
Et puis nous ne sommes pas valide donc les moyens, mis à notre disposition pour un tel déplacement, sont encore plus importants. Mais on a été très bien accompagné et tout s’est déroulé pour le mieux.
Comment s’est passée votre compétition ?
Il faisait trente degrés à notre arrivée. On a été très bien accueilli. A l’aéroport, à l’hôtel. On a eu une semaine de préparation avant de nous plonger dans la compétition.
Ensuite, ce format de Coupe du monde était particulier. Lors de l’édition précédente, on était placé dans des poules de cinq avant de rentrer dans le tableau final. Cette année, on disputait un mini championnat en compagnie de neuf autres nations (Angleterre, Etats-Unis, Irlande, Irlande du Nord, Argentine, Danemark, Uruguay, Japon, Australie). En phase finale, les quatre premiers disputaient les demi-finales et la finale.
Notre tournoi s’est déroulé parfaitement avec onze victoires en onze matchs, tout en inscrivant 48 buts et en n’encaissant que quatre.
En finale, vous battez l’Angleterre. Votre meilleur rival..
Les rencontres face aux Anglais, c’est toujours tendu. Il y a de la tension sur et en dehors du terrain.
Cette finale était un match d’une excellente qualité. On mène rapidement avant d’être rejoint au score.
Je rentre en jeu en prolongations et on l’emporte lors des tirs au but ! Un vrai bonheur !
Tu as pu partagé ce titre avec Aurélien Fillatre, licencié comme toi au Din’Handisport !
Oui j’ai signé récemment au club de Dinan (depuis fin juillet). Et remporter ce titre avec un coéquipier, c’est exceptionnel. On a pu s’échanger plusieurs passes décisives pendant la compétition. Une vraie belle expérience.
Sur les huit joueurs représentant la France lors de cette compétition, vous étiez quatre bretons !
Exactement ! En plus d’Aurélien, il y a Sylvain (Malard) qui est licencié à l’AS Lorient Foot fauteuil. Mais aussi Erwan Conq qui est finistérien mais qui joue en région parisienne.
En plus de nous quatre, il y avait aussi quatre aidants bretons. On était en force !
Tu as quitté très récemment le club des Merlus de Kerpape. Peux-tu nous parler de ces belles années ?
J’ai fait toute ma carrière à Kerpape. De mes 6 ans à mes 22 ans. C’est le club qui m’a fait progresser et devenir le joueur que je suis aujourd’hui. J’ai notamment été poussé par Nadine Quinio (coach des Merlus de Kerpape), qui m’a suivi pendant de longues années. J’ai décidé, en juillet dernier, de me lancer dans un tout nouveau défi à Dinan.
Suis-tu les performances du FC Lorient ?
Je viens à chaque match des Merlus au stade du Moustoir !
Face à Rennes, on était en Australie donc j’ai du assister à la rencontre à la télé. C’était vraiment sympa parce qu’Aurélien (Fillatre) est pour Rennes. Donc j’ai pu le chambrer à la fin du match !
Quel regard portes-tu sur la médiatisation actuelle du foot fauteuil ?
Il y a quelques années, on avait quasiment aucune visibilité. Même lors de notre premier titre de champion du monde.
Aujourd’hui, ça évolue positivement. On a eu plusieurs coups de téléphone de chaines de télévision, des journaux… On doit continuer de mettre en avant notre pratique handisport.
Pour conclure. Tristan, quel est ton programme à venir ?
On va souffler pendant une quinzaine de jours. Aussi, car on doit attendre que nos fauteuils soient rapatriés en France.
Puis, on se remettra dans le rythme du football. En club mais aussi avec l’Equipe de France, lors des prochaines échéances internationales.