Après huit ans et demi passés au FC Lorient, Yann Jouffre a décidé de quitter le Morbihan pour vivre une dernière aventure au plus haut niveau. Le vice-capitaine lorientais, aux 201 matches de Ligue 1 chez les Merlus, a abordé pour FCLWeb.fr ses années à Lorient, sa dernière soirée au Moustoir et son avenir.
Yann, tu vas effectuer ton dernier match sous les couleurs du FC Lorient samedi soir. Quel sentiment prédomine à quelques jours de ce match ?
Je dirai la nostalgie. C’est une semaine assez émouvante pour moi après huit ans et demie de vie avec ma famille ici. C’est toujours particulier de se dire que c’est la dernière semaine, qu’il y aura un avant puis un après. C’est émouvant. Je suis un peu nostalgique. Après, je l’ai voulu. C’est une décision que j’ai prise personnellement. Je l’assume et je suis content de l’avoir prise. On était bien ici, je ne l’ai jamais caché. J’étais très bien dans ce club.
Quand as-tu pris ta décision ?
Ça fait un an que je sais que je vais partir de Lorient. On en avait parlé avec Alex Hayes en juillet dernier. Je lui avais dit que j’étais très motivé pour cette saison mais que ce serait ma dernière année. Ici, je voulais vraiment choisir le moment où je quitterais le club. Je suis très heureux car l’histoire se finit bien. Ma famille sera là, mes amis aussi. J’ai vraiment choisi ce moment.
A quel type de soirée rêves-tu ?
Je veux qu’il y ait du monde au stade, que l’on fasse un très bon match et que je sois influent dans le jeu de mon équipe. Ce que j’ai toujours souhaité faire ici. Je veux finir sur une victoire et que le public soit ravi. Tout comme ma famille. Nous, sur le terrain, je veux que l’on sente qu’on a livré une belle prestation. Ce serait déjà pas mal.
Pense-t-on forcément à ce type de rendez-vous ?
Oui, bien sûr. Je suis en train de tout organiser pour ma famille et mes amis qui viennent au match. Forcément, c’est une soirée importante. Je pense aussi bien évidemment à la partie terrain. Je me prépare bien et sérieusement pour être en jambes ce week-end. Il y a pas mal de préparatifs. J’espère que la soirée sera belle. On doit faire le travail sur le terrain pour que tout le monde soit heureux de cette dernière de la saison. Je veux finir sur une bonne note.
Après huit ans et demi au FC Lorient et plus de 200 matches, quel bilan tires-tu de ton passage ici ?
Ma perception du football a changé et évolué. Aujourd’hui, je sais comment je vois le foot, je sais comment je l’aime. Ma perception de ce sport ne sera plus jamais la même. Quand tu passes par le FC Lorient, avec ses défauts, tout n’est pas parfait, ta sensibilité du football évolue. On progresse énormément à ce niveau-là.
As-tu trouvé ce que tu étais venu chercher en rejoignant le FCL en 2008 ?
Oui, bien sûr. En 2008, j’arrivais de Ligue 2 pour évoluer, découvrir et m’imposer en Ligue 1. Je n’avais pas pris conscience à l’époque que venir jouer au FC Lorient, avec Christian Gourcuff, voulait dire quelque chose pour un footballeur professionnel. En 2008, c’était encore un peu les prémices du FCL d’aujourd’hui. Christian Gourcuff n’était pas encore reconnu comme il l’est aujourd’hui. Je n’avais pas conscience de tout ça quand je suis arrivé. A la base, je voulais découvrir la Ligue 1. C’est chose faite : j’ai joué huit ans et demi et j’ai dépassé les 200 matches. Je ne suis jamais descendu. On s’est souvent sauvé assez facilement à deux ou trois exceptions près. J’ai vraiment passé huit années exceptionnelles.
La barre des 200 matches était importante à tes yeux…
Oui, je l’ai déjà dit. 200 matches ça veut dire quelque chose. Tu deviens un joueur confirmé de Ligue 1. J’ai joué 320 matches professionnels entre la L1 et la L2, sans compter mon année de National. Je suis à près de 35 matches par saison sur dix ans. Ça veut dire quelque chose.
Quel est ton plus beau souvenir au FC Lorient ?
J’ai plein de beaux souvenirs à Lorient. Il y a mon premier but en Ligue 1 à Sochaux du pied droit. C’est un but que j’ai attendu pas mal de temps. J’étais dans une période difficile. Il a mis du temps à venir. Je pense aussi à mon premier doublé contre Rennes à domicile. C’était un super match que l’on avait gagné. Et je dirais le but inscrit contre Lille en 2010 lors de la dernière journée de championnat. On les prive de Ligue des Champions ce qui nous permet de réaliser le meilleur classement du club en Ligue 1. Ce but restera car il entre dans l’histoire. Ici, j’ai vécu des moments difficiles aussi mais je ne retiendrai que le meilleur. Ces mauvais moments n’existent plus. Je ne retiens que les plus beaux avec les coéquipiers, le staff, ma famille.
Ton passage au FC Lorient va au-delà du football d’ailleurs…
Oui, c’est clair. Mes deux enfants sont bretons. Mon fils est né à Ploemeur et ma fille à Lorient. Mes deux enfants sont Lorientais. Dans ma vie, celle de ma femme et mes enfants, Lorient sera indélébile.
Après Fabien Audard, tu es le joueur ayant joué le plus de matches de Ligue 1 au club. Tu rentres donc dans l’histoire du FCL…
C’est une statistique qui me fait plaisir. Je suis le joueur de champ qui a fait le plus de matches en Ligue 1 avec le FC Lorient. Pour moi, ça me rend très fier. Ce record sera certainement battu mais même si je n’ai rien gagné avec Lorient, cette statistique m’appartient.
As-tu des regrets ?
Oui, quelques pépins physiques et les parcours en coupe. Je n’ai pas beaucoup de regrets, sincèrement. Certains joueurs ont fait beaucoup mieux que moi mais je suis fier de ma carrière. Je ne la changerais pour rien au monde. C’est la mienne. Je suis allé la chercher et je me suis battu pour l’avoir. Je suis très fier de ce que j’ai fait à Lorient.
Pourquoi y être resté aussi longtemps ?
Il y a deux paramètres : le premier, c’était tout simplement que j’étais très bien ici. J’ai vraiment appris à aimer ce club. Les supporters ne me traiteront pas de démago car c’est une vérité. J’aime sincèrement ce club. J’ai eu des propositions mais pas pour des clubs qui me permettaient de progresser.
Quelles relations as-tu entretenu avec les supporters ?
Je tiens tout d’abord à les remercier sincèrement. Parce que j’ai fait de bons matches à Lorient, comme des mauvais mais j’ai toujours senti leur soutien et beaucoup de respect à mon égard. Je me suis toujours senti bien avec eux. Ils n’ont jamais été virulents à mon encontre. Il y a une notion de respect entre nous. J’aime leur club au moins autant qu’eux. Venir jouer dans ce stade était toujours un beau moment.
A 31 ans, combien de temps espères-tu encore jouer au plus haut niveau ?
J’espère jouer encore trois ans au plus haut niveau. Concernant mon avenir, je ne sais pas dans quel pays je serai et si c’est en France, je ne connais pas encore le club.
La reconversion, tu y penses ?
Non, pas encore. Je ne sais pas encore si je vais rester dans le football. Après, ma carrière, je vais me poser. Je verrai si le football me manque.
Que pouvons-nous te souhaiter pour ces prochaines années ?
Je veux m’épanouir. Si je peux le faire sur les quelques années qu’il me reste comme j’ai pu le faire à Lorient, ce serait une grande victoire. Et jouer au football le plus longtemps possible. Je reste un grand fan de football. Le jour où ça s’arrêtera, je serai vraiment triste.
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