5 Déc 2016 | Actualités

Yves Caillibotte : « Le FC Lorient a marqué ma vie »

Yves Caillibotte a 90 ans… comme le FC Lorient. Pour cet anniversaire événement, le plus ancien joueur du club encore en vie a fait parler sa mémoire pour nous faire revivre ses belles années au FCL. Lui qui a eu sa première licence au club en 1936, garde en lui une grande admiration pour le club de son cœur.

Yves, le FC Lorient fête ses 90 ans, c’est pour vous un bel événement ?
Je suis très heureux de pouvoir participer à un tel événement. Ça me rappelle bien évidemment de vieux souvenirs et je peux retrouver des anciens coéquipiers. Je suis très flatté de pouvoir donner le coup d’envoi du match des 90 ans.

Pourquoi avez-vous intégré le Cootball Club Lorientais, comme on l’appelait à l’époque ?
J’avais plusieurs de mes copains qui jouaient au FCL, donc j’ai tout naturellement rejoint ce club. Toute l’histoire autour de la famille Cuissard, que je connaissais aussi a joué dans mon envie de jouer pour le FCL. C’est pour cette raison qu’en 1936 je prends ma première licence au FCL.

Quels sont vos souvenirs au FCL ?
Je me souviens que l’on s’entraînait deux fois par semaine, le soir après le travail. Les matches avaient lieu le dimanche. Au Parc des sports, la tribune était toujours pleine. Il y avait une belle ambiance. Lors de mes deux années avec l’équipe première, on jouait contre des équipes de toute la Bretagne. Quand on allait jouer loin, comme à Saint-Malo, on partait le dimanche matin en car avec les onze joueurs, deux ou trois remplaçants et l’entraîneur. On n’avait pas un staff très important comme aujourd’hui.

Les matches étaient très disputés ?
Certains oui, surtout ceux contre le CEP Lorient. De vraies derbies. Il ne fallait vraiment pas perdre ces rencontres. Je me souviens aussi que l’on rencontrait certaines équipes qui pouvaient être violentes dans leur façon de jouer.

Alors pourquoi arrêter si tôt ?
En 1948, je rencontre ma femme qui n’était pas franchement football. Mais surtout je rentre à la SNCF et on travaillait le dimanche, à partir de là je n’avais plus la possibilité de jouer au foot. J’étais déçu de devoir arrêter le foot, mais ma mère et ma femme souhaitaient que je travaille. Elles ne voulaient pas que je fasse du football toute ma vie.

Vous avez toujours été gardien de but, pourquoi ?
A l’époque on disait un garde but. Ce poste m’a toujours attiré. J’avais l’impression d’avoir une responsabilité, il ne fallait surtout pas encaisser de buts. J’avais le gabarit pour tenir les cages. J’étais grand, le plus grand de mon équipe, 1m84.
Aujourd’hui encore quand je regarde des matches de foot, ce sont les gardiens que je regarde le plus. Ils m’impressionnent.

Quels étaient vos points forts comme gardien ?
J’étais très bon dans les airs, j’avais un peu plus de mal pour les parades couchées. Mes coéquipiers m’appelaient Finek, c’était le grand gardien but russe, le meilleur de l’époque même. Il était grand et puissant comme moi. C’était flatteur comme comparaison. J’étais un gardien qui criait beaucoup aussi sur le terrain, pour placer mes défenseurs.

Que faut-il pour être un bon gardien, selon vous ?
Il faut être capable d’intercepter le ballon au bon moment et surtout de manière motivée. Il faut être puissant et dominateur sur les joueurs qui sont devant. On les voit souvent placer leurs joueurs. Quand il y a un coup franc, c’est le gardien qui place ses joueurs. Il en place un à côté de lui sur sa ligne pour éviter de prendre un but.

Vous étiez des stars déjà à l’époque ?
Les gens me reconnaissaient dans la rue. En général ils venaient me faire des commentaires sur le match du dimanche. Si j’avais une belle prestation on me le disait, mais les supporters savaient aussi me dire quand j’avais fait une mauvaise sortie et qu’on avait pris un but. A l’époque on ne signait pas d’autographes comme aujourd’hui, mais ça m’est arrivé quand même quelques fois, c’est toujours flatteur.

Aujourd’hui, c’est Benjamin Lecomte qui est à votre place, quel regard vous portez sur lui ?
Benjamin est un très bon gardien. Il est grand et puissant. Je pense qu’il va faire une longue et belle carrière, en tout cas il a les qualités pour. Sur le terrain, il domine sa défense et place ses joueurs. J’ai proposé à Sylvain Ripoll mes services pour le remplacer mais il a refusé bizarrement (rire).

Beaucoup de choses ont changé depuis vos années au FCL, comme l’équipement par exemple ?
On n’avait pas de gants de gardien, on en n’avait pas besoin. Par contre on avait des chevillières, des genouillères et à l’occasion, quand il y avait du soleil, la casquette. Ça nous arrivait d’aller sur des terrains où il n’y avait même pas d’herbe. Pour se protéger des cailloux quand on tombait, les genouillères étaient très pratiques. Le maillot aussi a bien changé. Nous on jouait avec des maillots en laine. Quand il pleuvait, en fin de match il était très lourd. Mais on était habitué. Je crois que l’été j’avais un maillot un peu plus léger. Le rôle du gardien aussi a évolué. On ne sortait pas si loin de nos buts à mon époque. Moi j’avais la réputation d’aller jusqu’aux 18 mètres, je voulais aider mes coéquipiers. Mais on me reprenait, j’entendais descendre des gradins : « Arrête de te promener aux 18 mètres, reste donc dans tes buts ».

Aujourd’hui encore vous suivez Lorient ?
Le FC Lorient a marqué ma vie, c’est mon club de foot. J’ai toujours soutenu Lorient et je continuerai de le faire jusqu’au bout. C’est une belle équipe. Les joueurs se défendent bien. Je regarde leurs matches dès que je peux et croyez-moi, je rouspète devant ma télé. Parfois quand l’équipe est moins en forme, je me dis que ce serait bien que je remette les crampons.


Yves Caillibotte de passage à l…

 

 

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